dimanche 25 juillet 2010

Chou chéri,

En 1961, ils sont fiancés. Elle va chez le coiffeur, se fait jolie pour lui qu'elle retrouve le samedi.
Les autres jours, elle attend les lettres qu'il lui écrit, entre deux manoeuvres.
Elle lui écrit, elle aussi. 
Elle lui dit mon coeur, mon trésor adoré.
Elle a confiance en lui. Elle croit en eux. Elle aime l'écouter parler. 
Mais sur le quai ce dimanche soir, elle a retenu les larmes qui ont coulé lorsqu'elle a été rentrée.
Il a été cruel avec elle.
Qu'a-t-elle fait sinon juste proposer de recoudre son chandail, juste proposer de conserver sa chevalière pour ne pas qu'on lui vole ?
Pourquoi dit-il si souvent noir quand elle dit blanc ? 
Pourquoi est-il, parfois, si injuste ?

"Je dois dire qu'à ce moment dans le tram j'ai été tout à fait refroidie et cela m'a fait de la peine de voir comme tu agissais envers moi après t'avoir dit "oui, oui" pour tout, pendant le week-end. Je sais que tu étais énervé, mais il me semble que tu aurais pu me répondre d'une façon plus gentille et dire "oui chou" et ne pas prendre cet air de supériorité que je ne puis supporter."

Et puis, pourquoi a-t-il insisté, ce soir-là ? Il le sait, pourtant. Il le sait que, pendant encore trois ans, il lui faut préserver sa virginité. 

"Je suis en train de me demander si je n'ai pas été trop large à certains points de vue et je pense que oui. Tout d'abord chéri pour notre bonheur pur, tu sais bien que c'est dur, mais il faudra éviter de recommencer. Et je pense que pour cette question,le jeune homme doit quand même respecter sa fiancée."

Ils se marièrent, Anne-Marie et Jean-Bernard. J'ignore s'ils eurent beaucoup d'enfants. Si, même, ils en eurent. Mais oui, ils se marièrent un jeudi 11 juillet et, ce jour-là, il y eut un cocktail dansant. 

Deux lettres d'amour
et 
la réponse à un faire-part de mariage
 livrées aux poubelles. 
Une vie conjugale qui s'ébauche. 

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