dimanche 26 septembre 2010

Le destin des mots

Vivre dans 26 m2  quelques années de ma vie  m'a rendue moins dépendante des objets, moins sentimentale.
Aussi, parmi les livres que je dépose régulièrement sur un comptoir en attendant de connaître leur valeur, certains portent la date d'un Noël, la signature d'un auteur, une écriture amie, le nom par lequel m'appelait celui qui, à l'époque, m'aimait... 
Qu'il m'ait été offert ne garantit à aucun livre l'assurance de séjourner dans ma bibliothèque tout le reste de ma vie.

Celui que je viens de finir de lire, lui, va y rester pour le moment, même s'il traite d'un sujet qui ne me concerne pas.

Tous deux, nous l'avions oublié : pas plus que moi de l'avoir reçu, il ne se souvenait pas me l'avoir offert. Mais la dédicace en atteste. 
L'année mentionnée est la dernière où nous avons eu une raison de célébrer ce jour de février. 
"Une publicité pour une voiture, par exemple, veillera à laisser de côté les aspects de notre psychologie, relativement à la possession d'un objet désiré, qui pourraient gâcher ou du moins diminuer notre joie à l'idée de posséder le véhicule en question. Elle omettra de mentionner notre tendance à cesser bientôt d'apprécier ce que nous avons réussi à obtenir. La façon la plus rapide de cesser de désirer quelque chose peut être de l'acquérir -de même que la façon la plus rapide de cesser d'apprécier quelqu'un peut être de l'épouser. On nous incite à croire que certains succès et certains possessions nous garantissent une satisfaction durable, à imaginer que, lorsque nous aurons escaladé la falaise abrupte du bonheur, nous resterons indéfiniment sur un haut et long plateau; on ne nous rappelle pas que, peu après que nous aurons atteint le sommet, nous redescendrons vers une nouvelle vallée d'anxiété et de désir."
Alain de Botton. Du statut social

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