jeudi 31 mars 2011

Rue Linière

"L'alignement parallèle de deux séries d'immeubles détermine ce que l'on appelle une rue : la rue est un espace bordé, généralement sur ses deux plus longs côtés, de maisons; la rue est ce qui sépare les maisons les unes des autres, et aussi ce qui permet d'aller d'une maison à  l'autre, soit en longeant, soit en traversant la rue. De plus, la rue est ce qui permet de  repérer les maisons. Il existe différents systèmes de repérages; le plus répandu, de nos jours et sous nos climats, consiste à donner un nom à la rue et des numéros aux maisons : l'appellation des rues est un sujet extrêmement complexe, et souvent même épineux, à propos duquel on pourrait écrire plusieurs ouvrages."
Georges Perec. Espèces d'espaces

mercredi 30 mars 2011

Précis de topographie 56

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

"La rue et la route vous enferment dans un itinéraire si restreint, si étroitement semblable à chaque fois que leur monotonie au lieu d'être refuge devient danger. Le corps est docile et longe quotidiennement les mêmes trottoirs; l'oeil se tourne vers les mêmes vitrines et dans ces vitrines regarde les mêmes objets, le pied se garde des mêmes pièges, le nez respire les mêmes odeurs devant les mêmes encoignures. Cela tient de l'entraînement sportif, de l'apprentissage d'une langue ou du réglage d'un ballet. Tout devient si parfaitement aisé qu'on ne peut plus imaginer la surprise. L'angoisse aussi s'estompe; l'inconnu pourrait-il encore vous surprendre derrière ces façades si intimement fréquentées ? C'est alors que, dégagée de toute inquiétude, l'imagination prend le mors aux dents. A côté des pensées familières, fidèles a rendez-vous quotidien, en vient tout à coup une nouvelle, imprévue, porteuse de tous les germes."
Marie-Louise Haumont. Le trajet

mardi 29 mars 2011

Tuesday self portrait (un an après)

Si je manque d'inspiration devant mon placard, il me suffit de consulter mes archives pour savoir comment m'habiller le matin. 

lundi 28 mars 2011

En réalité, il existe deux sortes de vie : celle que les gens croient que vous menez, et l'autre*

Certains jours, c'est comme laisser la vie infuser sans avoir choisi son parfum
,et me laisser surprendre. 
"Cinq heures. De ses mains pâles, elle se coiffa devant le miroir de sa chambre. Elle se lissa les joues, la bouche, comme pour effacer les traces d'un événement. Il n'y en avait eu aucun, mais elle se préparait au suivant : coup de téléphone, disque, une demi-heure de lecture."
 *James Salter. Un bonheur parfait

dimanche 27 mars 2011

Les années (1994)

Plus jamais, ensuite, elle n'eut à nouveau les cheveux longs. 

vendredi 25 mars 2011

Le cabinet des rêves 12

Mon voisin et son amie m'invitent à manger.
J'ai appris des choses de lui, grâce à un article de presse qui lui était consacré, à lui et sa famille. Son passé est compliqué et criminel.
Quand on passe à table, alors que j'ai faim, je vois qu'il n'y a que du pain de mie et des bols remplis de différentes sortes de poudres sur lesquelles on peut mettre une cuiller de fromage blanc.
Comme dans un rêve précédent, nos appartements sont reliés. Je vais dans le mien pour y faire quelque chose (mais quoi?). Des enfants -dont le petit frère de mon voisin- sont en train d'y jouer.
Quand je reviens, la table a été débarrassée. Et le repas, à peine commencé, est déjà fini.

Rêve du 9 mars 2009

jeudi 24 mars 2011

La tête de

"Puis, sans transition : 
C'est quoi votre métier, Andros ?
Euh... 
Ne m'en dites pas plus. Inspecteur du travail. Vous êtes venu à Ouessant pour pointer les travailleurs au black, ne le niez pas. 
Vous plaisantez ! 
M'insurgeai-je. Elle éclata de rire. 
Je vous ai flatté, hein ?
Je me mis à rire, à mon tour. 
Vous m'avez vexé. 
Vous avez plutôt l'air de... comment dire... on ne sait pas trop. Un je-ne-sais-quoi de fumeux en vous... de touchant aussi... si, si, vraiment. Je me demande bien quelle espèce de foutu job vous pouvez exercer, Andros ?
J'ébauchai un sourire contraint. Il était hors de question d'avouer à quelle espèce de foutu job, en effet, je consacre mes loisirs professionnels. Me considérant sans vergogne des pieds à la tête, elle énumérait maintenant : 
Vêtements Savile Row... Godasses genre bottier milanais... mmm, mmm... Mains manucurées bien sûr...mmm, mmm... Gros, très gros handicap que ces mains-là, Andros. Impossible de gâcher du ciment, de mouiller des casiers à homards ou de planter des patates avec ces petites mignonnes. Elles vous servent surtout à réfléchir, non ?"
Claude Lucas. Ti kreiz

mercredi 23 mars 2011

Précis de topographie 55

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
S'il ne fallait citer qu'une seule raison de vivre, alors je pourrais parler du matin. 
De l'impatience que j'éprouve dès la veille quand je pense aux premières heures de la journée qui me paraissent toujours plus précieuses et plus brèves que les autres. 
Du plaisir de verser les haricots rouges fumants dans la large tasse qui les contient parfaitement, à côté de la théière de oolong qui infuse. 
De celui de descendre les escaliers à la rencontre de toutes les aventures possibles. 
Je parlerais aussi -surtout- de cette sensation si particulière, en arrivant place Stéphanie, quand le dôme du palais de justice étincelle autant que celui des Invalides, que l'esplanade baignée par la lumière rose du levant me rappelle la place St Marc à Venise et que les tramways vieillissants m'évoquent ce que j'imagine de Lisbonne ou Varsovie. 
Ce bonheur jamais démenti de vivre ailleurs

mardi 22 mars 2011

Tuesday self portrait (un rendez-vous)

"Avant, j'avais les cheveux longs et Mémé quelquefois me les coiffait en nattes croisées au-dessus de la tête comme deux pensées qui parlent ensemble. Des noeuds de soie y déposaient leurs baisers rouges. C'était beau comme des raisins. Sinon, mes cheveux restaient libres et venaient se pencher pour caresser mes joues. Mais les cheveux longs, c'est un luxe. Il faut avoir du temps. Tout le monde n'en a pas. Maintenant, mes cheveux se trouvent dans une boîte. Avec le nom et l'âge écrits comme sur les tombes. Je suis coiffée au bol. Papa m'a emmenée chez son coiffeur pour hommes, il a été distrait, il lisait des revues. Pendant ce temps, le coiffeur me ratait. Maman est dépitée. Sa voix pointue déteste mes oreilles décollées et ma tête à faire peur."
Corinne Hoex. Le grand menu


lundi 21 mars 2011

L'anniversaire du printemps

Cette 
un 
coup
de 
téléphone
avait
 aboli 
la 
distance
et 
scellé 
nos 
vies : 
dans
nos 
voix
il
avait
des
fleurs 

dimanche 20 mars 2011

Les années (2005)

Afin de renouveler ses papiers, elle doit donner les preuves d'une identité que, jusque là, elle pensait acquise et à laquelle elle n'est pas si attachée. 

samedi 19 mars 2011

Titres et pains perdus Notes sur les disparitions, les pertes de sens, les difficultés de transmission, les oublis, les manques et les persistances inutiles*

*Pierre Alechinsky

Il a dit "autrephone" pour désigner ceux dont la langue maternelle n'est pas française. Ceux dont il fait partie. 
Et nous avons souri. 
Et plus tard, nous avons constaté que nous avions tous compris la même chose mais pas ce qu'il avait réellement dit :
La carte rustique du repentir. 
"Lorsque ce que dit Donald n'a pas d'autre valeur qu'expressive ou ornementale et participe de son comportement au même titre que sa gestuelle et sa démarche, par exemple dans les moments où il s'emporte et s'oublie, alors il parle "canard" et il n'y a rien d'autre à comprendre que l'expression de son humeur : mécontentement, rébellion, rouspétance, fureur... Par contre, dès qu'il est nécessaire de comprendre les paroles de Donald, celui-ci s'exprime en américain avec son nasillard accent canard : il fait un effort et, redevenant raisonnable et fréquentable, il redevient aussi un homme et parle à nouveau américain. 
Comme la "langue canard" n'existe pas, ce sont sa musique, sa caricature acoustique et phonétique, c'est-à-dire son accent, qui font langue. Evidemment il n'y a jamais eu aucun canard, spectateur d'un film dont Donald est le héros, pour venir protester contre les inexactitudes et la supercherie. Mais l'Amérique d'aujourd'hui pourrait fort bien voir naître une quelconque ligue bien-pensante et politically correct, pour demander aux compagnies hollywoodiennes une réparation du préjudice moral, au nom des animaux lésés, ridiculisés, atteints dans leur image et dans leur dignité."
Alain Fleischer. L'accent une langue fantôme

vendredi 18 mars 2011

Le cabinet des rêves 11

Je suis sur le quai d'une gare. J'hésite entre deux trains mais je ne connais pas leurs horaires. Et comme l'un d'eux s'apprête à partir, sans réfléchir, je m'agrippe à la voiture de queue et me plaque tout contre. Au moment où le train démarre, mes pieds glissent. Je dois me retenir à la seule aide de mes bras et la vitesse me coupe le souffle. Je me dis que je ne vais jamais tenir le coup, que je vais mourir immédiatement. 
Mais non, je ne meurs pas. 

Rêve du 15 mars 2011

jeudi 17 mars 2011

vie

 le journal de Miki 

2011年3月16日水曜日


生活

地震とともに私にはもう1つちょっと大変なことがあり、今は地震のこととそのことと、2つの大きな心配事を抱えている。もうちょっと小さいことも合わせれば3つになる。なんて今は言ってる時じゃない。小さいことに気を立ててなんていられない。被災した人たちのことを思ったら。多少不便でも普通に生活できてることに感謝しないと。今週から住む所が変わって慣れない生活が始まった途端、生活時間がぐちゃぐちゃで変な毎日。これから少しの間、ここにあんまり書けないかも…。でも元気出してやってきます。でも踊れてないから、精神的にはすごく不安。

mercredi 16 mars 2011

Précis de topographie 54

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
Et en chemin, j'ai pensé à ça, à ce qu'on appelle communément le battement d'aile d'un papillon mais qui peut être autre chose. J'ai pensé à ce que qu'avait été sa journée -de celles qui succèdent aux nuits courtes, de celles qui forment les poches que j'ai vues à ses yeux. J'ai pensé à tout ce qui avait précédé ce moment où -excédé de faim ou de soif- il est sorti, se précipitant vers le nightshop ouvert même le jour, croisant ainsi ma trajectoire, à 18h50, rue de Dublin. 

mardi 15 mars 2011

Tuesday self portrait (des baisers, toujours)

"Ah c'est si bon d'être assis, ici, dans l'obscurité de ces livres. Je ne suis pas fatigué. Par le nombre des livres entrés, la soirée a été moyenne : 23 se sont retrouvés bienvenus sur le chemin de nos rayons. 
Pour chacun, j'ai inscrit le titre, l'auteur et quelques commentaires descriptifs dans le Grand registre des auteurs & matières de la bibliothèque. 

Bel amour toujours, de Charles Green. L'auteur avait la cinquantaine et il m'a dit qu'il était à la recherche d'un éditeur depuis le jour où il avait écrit ce livre. Il avait, à l'époque, dix-sept ans. 
"Ce livre détient le record du monde des refus, a-t-il dit. Il a été refusé 459 fois et maintenant, je suis un vieil homme."

Jusqu'au petit jour, ses baisers, de Susan Margaret. L'auteur était une femme entre deux âges, abominablement laide et avec l'air de n'avoir jamais été embrassée de sa vie. Il fallait y regarder à deux fois pour s'apercevoir qu'il y avait des lèvres dans son visage. C'était une grande surprise de découvrir finalement sa bouche, entièrement masquée par son nez. 
"C'est un livre sur les baisers", a-t-elle dit. 
Elle devait, j'imagine, avoir passé l'âge des subterfuges. 

Dans ma maison un grand cerf, de Richard Brautigan. L'auteur était grand et blond, avec une longue moustache jaune qui lui donnait l'air anachronique. On aurait dit quelqu'un qui se serait trouvé plus à son aise dans une autre époque. 
C'était la troisième ou la quatrième fois qu'il apportait un ouvrage à la bibliothèque. A chaque nouveau livre, il avait l'air un peu plus vieux, un peu plus fatigué que la fois précédente. Il avait encore l'air jeune, du temps où il avait apporté son premier livre. Je ne me souviens plus du titre, mais cela parlait, je crois, de quelque chose, en Amérique. 
"Et celui-ci, de quoi parle-t-il ?" lui ai-je demandé parce qu'il avait l'air de quelqu'un qui attend qu'on lui pose une question. 
"Bof, c'est un livre. Sans plus", a-t-il répondu. 
J'avais dû mal interpréter son air d'attendre."
Richard Brautigan. L'avortement

lundi 14 mars 2011


"Le patron m'a cligné de l'oeil en me servant. 
Alors, depuis ce matin ça va toujours ?
Comme un lundi, j'ai répondu. 
Vous vous trompez, monsieur Lacroix, on est mercredi. 
C'est bien ça, j'ai conclu. Ça va comme un lundi."
Jean-Noël Blanc. La petite piscine au fond de l'aquarium

dimanche 13 mars 2011

Les années (1983)

Il porte une blouse blanche et a eu le tort de céder à la mode de la permanente. 
Il se tient immobile, les mains derrière le dos. 
Bien campé sur ses deux pieds, il est capable de garder la pose indéfiniment. 
Le temps que sa victime fonde en larmes
au tableau. 
Des équations, il donne la solution, 
jamais l'explication. 
Il toise. 
Il vouvoie, 
n'utilise jamais les prénoms. 


Un jour, c'est un après-midi et il fait chaud dans la salle de cours. Elle a le front penché sur sa copie, comme tous les autres. Passant à sa hauteur, il s'arrête et lui demande ce qu'elle tient tant à cacher, derrière sa frange si longue. 
Sa voix est railleuse. 

En 1983, en lieu et place des mathématiques, 
elle a appris l'aversion. 

samedi 12 mars 2011

vendredi 11 mars 2011

Le cabinet des rêves 10

Je suis en haut d'une butte et je vois K., en contrebas. Il porte un enfant dans ses bras et je pense Tiens, c'est l'enfant de son frère. Pourtant, ce n'est pas un bébé mais plutôt un enfant d'un ou deux ans. 
Lui aussi me voit, de loin, et me sourit. 
Nous faisons le même geste au même moment : main tendue et agitée joyeusement. 
Je me fais la remarque que, d'ordinaire, on achève ce geste en mimant un téléphone porté à l'oreille pour signifier qu'on va s'appeler. 
Or là, ni lui ni moi ne le faisons. 

Rêve du 21 février 2011

jeudi 10 mars 2011

"Promis, je m'obstine"*



Penchées non pas sur mon berceau mais sur mes amours en déliquescence ou en construction, elles sont les marraines de mon âge adulte.
Fées aînées dont l'indéfectible bienveillance m'a toujours poussée à l'exigence pour être sûre de ne jamais la démériter.
Indissociables l'une de l'autre alors que, toujours, je les ai vues séparément, je persiste, malgré la mort, à penser à elles deux au présent et toujours ensemble.
Et  le livre de Chantal me donne raison, lui qui ressuscite son amie que j'ai eu la chance infinie de pouvoir aimer aussi.

*Chantal Pelletier. A coeur et à Kriss

mercredi 9 mars 2011

Précis de topographie 53

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

Bien que venteux, le muret de la toison d'or est décidément un lieu idéal pour boire un café chaud au soleil et laisser advenir les aventures ou les anecdotes. 

De ses larges lunettes de soleil et de ses pieds nus dans ses chaussures lassées et hautes, inadaptées au terrain flou où nous étions elle et moi, je n'ai tiré aucune conclusion. 
Mais quand elle s'est levée -legging peu adapté, démarche chaloupée, bouche très rouge- je l'ai trouvée vulgaire.

Je n'ai pas eu besoin de quitter mes écouteurs pour comprendre la scène. 
Elle s'est approchée de la jeunesse voisine.
-Garçon à casquette et appareil photo, jeunes filles en bourgeon, à peine jolies quand, à cet âge, c'est pourtant la moindre des choses, cheveux banalement longs et méchés, visages poupins, fond de teint inutile, allure mondialisée de sitcoms... -

A la vue de sa carte, seul le garçon est resté à l'écart. Elles se sont rassemblées en volière et ont pavané, flattées, jouant des coudes pour être vues à leur avantage, de trois quarts. 

M'éloignant de cette scène factice, je les ai imaginées, glosant et gloussant longtemps, se racontant l'épisode avant de mettre tout le monde au courant. 
Mais aussi le soir, le visage déformé par la colère, claquant la porte -De toute façon, tu comprends jamais rien- le visage sali par les pleurs après le refus parental. 

lundi 7 mars 2011

Avant l'éternité

Dans les avenues larges et claires de Tokyo que je dévalais sans les freins, au zénith ou au milieu de la nuit, mon coeur battait au rythme des mots dont il ponctuait ses mails
Take care, lady cycle. 
Et quand les voitures, en voulant me faire peur, manquaient de me tuer, je pensais toujours
Pas maintenant, pas encore, pas avant que je le voie.  

A présent, c'est quand je colle un timbre sur l'enveloppe à son nom que je me sens immortelle
Au moins jusqu'à ce que ma lettre lui parvienne.  

dimanche 6 mars 2011

Les années (1992)

, elle voit Down by law de Jim Jarmusch, elle voit Le pas suspendu de la cigogne de Theo Angelopoulos, elle voit Le ciel de Paris de Michel Bena, elle voit Tous les matins du monde de Alain Corneau, elle voit ROGOPAG de Rossellini, Godard et Pasolini, elle voit Août de Henri Herré, elle voit Ombres et brouillard de Woody Allen, elle voit My own private idaho de Gus Van Sant, elle voit La soif du mal de Orson Welles, elles voit Les enchaînés de Alfred Hitchcock, elle voit Amoureuse de Jacques Doillon, elle voit Nord de Xavier Beauvois, elle voit Dead again de Kenneth Branagh, elle voit L'amateur de Krzysztof Kieslowski, elle voit Orange mécanique de Stanley Kubrick, elle voit La voix de  Pierre Grenier-Deferre, elle voit Nocturne indien de Alain Corneau, elle voit Kafka de Steven Soderbergh, elle voit La vie de bohème de Aki Kaurismaki, elle voit La double vie de Véronique de Krzysztof Kieslowski, elle voit Epouses et concubines de Da Hongdenglong Gaogao Gua, elle voit Faces de John Cassavetes, elle voit Retour à Howard Ends de James Ivory, elle voit Le retour de Casanova de Edouard Niermans, elle voit Une femme sous influence de John Cassavetes, elle voit Meurtre d'un bookmaker chinois de John Cassavetes, elle voit Husbands de John Cassavetes, elle voit Love streams de John Cassavetes, elle voit Rome Roméo de Alain Fleischer, elle voit Où est la maison de mon ami ? de Abbas Kiarostami, elle voit Confessions d'un barjo de Jérôme Boivin, elle voit Alice de Woody Allen, elle voit Eva de Joseph Losey, elle voit Amanda de Mark Sandrich, elle voit Versailles rive gauche de Bruno Podalydès, elle voit Bunker palace hôtel de Enki Bilal, elle voit L'homme de ma vie de Jean-Charles Tachella, elle voit Faux semblants de David Cronenberg, elle voit Johnny Stecchino de Roberto Benigni, elle voit Blood simple de Joel Cohen, elle voit Un coeur en hiver de Claude Sautet, elle voit Le plaisir de Max Ophüls, elle voit Beignets de tomates vertes de Jon Avnet, elle voit Simple men de Hal Hartley, elle voit Lune de fiel de Roman Polanski, elle voit Impitoyable de Clint Eastwood, elle voit The incredible truth de Hal Hartley, elle voit Une vie indépendante de Vitali Kanevski, elle voit Le locataire de Roman Polanski, elle voit Bob Roberts de Tim Robbins, elle voit Rosemary's baby de Roman Polanski, elle voit Beau fixe de Christian Vincent, elle voit Le silence de Ingmar Bergman, elle voit Maris et femmes de Woody Allen, elle voit Fatale de Louis Malle, elle voit Le petit prince a dit de Christine Pascal, elle voit Le souper de Edouard Molinaro.

samedi 5 mars 2011

Une belle chevelure est une beauté en soi

Ne faites pas de permanente

  • Si vous avez les cheveux en mauvais état, une chute abondante. 
  • Si vous êtes au bord de la dépression nerveuse.
  • Si vous sortez d'une grave maladie, ayant nécessité antibiotiques ou cortisone. 
  • Si vous venez de subir une importante opération. 
  • Si vous êtes à la "mauvaise" période du mois. 
  • Si vous attendez un bébé. 
Le guide marabout de la femme volume 1.

vendredi 4 mars 2011

Le cabinet des rêves 9

Je suis dans un quartier africain (ça pourrait être Matongé) et les gens dansent dans les cafés, sur les trottoirs et me bousculent. Je suis seule. Je suis fatiguée. Je ne sais pas ce que/qui j'attends. J'ai un sac empli du linge que je viens de laver au lavoir. C'est la nuit. Pour rentrer chez moi, je dois traverser un grand magasin. Dans les escalators, je me fais à nouveau bousculer. Je débouche à l'arrière du magasin. Il fait très sombre, je ne suis pas rassurée. 
B. me dépasse. Il se retourne mais ne me voit/reconnaît pas. Pour être sûre qu'il ne me voie pas, je m'arrête et lève les mains à la hauteur de mon visage, comme si j'allais allumer une cigarette. 
Je poursuis ma route et croise une dame qui me propose un ballon gonflé à l'hélium en me disant : Pour vos enfants. Il s'agit d'une énorme souris, habillée en bleu, un peu comme un personnage de Beatrix Potter. 
Sans m'arrêter, je lui dis : Je n'ai pas d'enfants et je pense que, toutes les fois où j'ai eu des ballons, il m'est arrivé des choses désagréables. 
J'arrive enfin devant mon immeuble. Les escaliers du porche sont envahis par de très jeunes adolescents (une colonie de vacances ?) qui chahutent. 
Au moment où je suis là, on les fait entrer et ils s'éparpillent bruyamment au rez-de-chaussée. 
Moi, je vais prendre l'ascenseur bien que je ne sache plus à quel étage j'habite. Je ne suis pas la seule à vouloir monter et, à plusieurs reprises, je bloque involontairement le mécanisme soit avec mon sac, soit avec une de mes chaussures que je perds dans la fente de la porte, empêchant ainsi des personnes d'entrer. 
Rêve du 20 février 2011

jeudi 3 mars 2011

Table des matières

La table est ronde et vaste, conçue pour huit convives.
Pourtant, souvent, j'ai à peine la place d'y manger seule.

Pour y poser les mets, 
je dois écarter les mots. 

Qu'est-ce qui me nourrit le plus ?

mercredi 2 mars 2011

Précis de topographie 52

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

Plus que les autres jours, la foule était dense, sur les coups de cinq heures le long de l'avenue des arts. 
Les marcheurs étaient pressés, serrés les uns contre les autres, les yeux baissés vers leurs mains, leur gsm. Et je devais rester très concentrée si je voulais les éviter sans réduire la taille de mes enjambées. 
Peu adepte des boyaux souterrains du métro mais remontant le flot du courant, j'ai ainsi eu des échos de la vie intestine de la ville.