samedi 19 mars 2011

Titres et pains perdus Notes sur les disparitions, les pertes de sens, les difficultés de transmission, les oublis, les manques et les persistances inutiles*

*Pierre Alechinsky

Il a dit "autrephone" pour désigner ceux dont la langue maternelle n'est pas française. Ceux dont il fait partie. 
Et nous avons souri. 
Et plus tard, nous avons constaté que nous avions tous compris la même chose mais pas ce qu'il avait réellement dit :
La carte rustique du repentir. 
"Lorsque ce que dit Donald n'a pas d'autre valeur qu'expressive ou ornementale et participe de son comportement au même titre que sa gestuelle et sa démarche, par exemple dans les moments où il s'emporte et s'oublie, alors il parle "canard" et il n'y a rien d'autre à comprendre que l'expression de son humeur : mécontentement, rébellion, rouspétance, fureur... Par contre, dès qu'il est nécessaire de comprendre les paroles de Donald, celui-ci s'exprime en américain avec son nasillard accent canard : il fait un effort et, redevenant raisonnable et fréquentable, il redevient aussi un homme et parle à nouveau américain. 
Comme la "langue canard" n'existe pas, ce sont sa musique, sa caricature acoustique et phonétique, c'est-à-dire son accent, qui font langue. Evidemment il n'y a jamais eu aucun canard, spectateur d'un film dont Donald est le héros, pour venir protester contre les inexactitudes et la supercherie. Mais l'Amérique d'aujourd'hui pourrait fort bien voir naître une quelconque ligue bien-pensante et politically correct, pour demander aux compagnies hollywoodiennes une réparation du préjudice moral, au nom des animaux lésés, ridiculisés, atteints dans leur image et dans leur dignité."
Alain Fleischer. L'accent une langue fantôme

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