lundi 27 juin 2011

"Il y a longtemps que vous auriez dû venir vous asseoir ici" chuchota Lou.*

*Dylan Thomas. Portrait de l'artiste en jeune chien
Bien avant que j'en aie fait baisser le prix de moitié et que je me fasse aider pour le porter à mon étage, je pensais mon fauteuil tandis que je le voyais, au marché. 
Et je me sentais une âme d'ours alors même que ceux qui s'y asseyaient n'avaient aucun point commun avec Boucle d'Or et ignoraient que ce siège m'appartiendrait, à moi qui les observais depuis la terrasse voisine. 
(
offertes de bonne grâce
les oeuvres de Dylan Thomas
 )
"Le fait de trouver des choses belles nous invite naturellement à imaginer que nous resterons fidèles à nos sentiments. Mais l'histoire du design et de l'architecture n'est guère rassurante quant à la fidélité de nos goûts. Nos préférences esthétiques oscillent continuellement entre des polarités stylistiques : entre la sobriété et l'exubérance, le rustique et le citadin, le féminin et le masculin nous incitant à abandonner impitoyablement des objets dans des boutiques de brocanteur à chaque changement d'orientation. Ce qui nous oblige à supposer que nos descendants regarderont un jour nos maisons avec le même sentiment d'horreur et d'amusement que celui avec lequel nous considérons bien des possessions des défunts. Ils s'étonneront de nos papiers peints et de nos divans et riront de crimes esthétiques auxquels nous sommes aveugles. En être conscients peut rendre nos inclinations fragiles et inquiètes. Savoir que ce que nous aimons maintenant pourra, pour des raisons qui dépassent notre entendement actuel, paraître plus tard absurde est presque aussi dur à supporter quand il s'agit d'un meuble dans un magasin que quand il s'agit d'un futur conjoint au pied de l'autel."
Alain de Botton. L'architecture du bonheur

1 commentaire:

La belle saison a dit…

Je connais cette âme d'ours... Notre maison, que nous avons achetée aux enchères, m'appartenait déjà alors qu'elle était visitée par des dizaines d'inconnus, que je détestaient, bien sûr. Eux, ils ne savaient pas, moi si.