lundi 13 juin 2011

L'à venir


C'était comme marcher dans les souvenirs d'une autre, dans le décor d'un récit ancien, d'un récit mythologique, avancer comme en rêve mais un rêve lointain, flou et lointain. 
Je voyais et je ne reconnaissais rien. 
A la fin, je n'étais plus très sûre de ce que je faisais là. Sans doute rien.
(...) Pourtant (...)

A me voir les aborder si résolument, on aurait pu penser que nous avions rendez-vous. Mais les deux garçons aux yeux clairs et à la voix calme que j'ai vus en terrasse n'ont pas l'habitude de penser à moi et ne m'attendaient pas, non.
Et nous avons parlé du monde
-ici, là, ailleurs- 
plus que du temps. 

Prendre de leurs nouvelles, c'est surtout savoir ce qu'ils lisent et j'ai noté, dans mon carnet, le titre que chacun d'eux m'a conseillé. 
Je les lirai demain, dans dix ans ou plus tard, 
un (autre) si beau jour de hasard.
"Et c'était tout naturel de traverser la rue, de monter les marches du pont, d'entrer dans sa mince ceinture et de m'approcher d'elle qui souriait sans surprise, persuadée comme moi qu'une rencontre fortuite était ce qu'il y avait de moins fortuit dans nos vies et que les gens qui se donnent des rendez-vous précis sont ceux qui écrivent sur du papier rayé et pressent leur tube de dentifrice par le fond."
Julio Cortàzar. Marelle.

Aucun commentaire: