lundi 31 octobre 2011

LeS jourS à venir

Je pense à toi souvent, ces derniers temps
et si tu étais là, je te dirais pourquoi.
L'étourderie me rappelle ta plaisanterie,
quand mes distractions retenaient ton attention
:
Tu es amoureuse ?!!

De même que le 14 février n'est pas le jour qui célèbre mes amours,
c'est en dépit du calendrier que tu parles dans mes pensées.
Et très prochainement, sans date sans événement,
lui et moi, sans raison, c'est une de tes bouteilles que nous boirons.
Car toi vivant, tu le savais évidemment
:
Je suis amoureuse !!!

dimanche 30 octobre 2011

La vie voyageuse (en Yamanote)

La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

KOMAGOME

Le dimanche aussi elle se lève tôt. Et, avant d'aller au parc, elle passe les premières heures du jour sur son balcon. 
Elle y transporte une théière de oolong, un livre, le tofu à la banane mixé la veille. 
Doucement, le soleil entame son ascension et vient caresser le flanc arrondi du ballon d'eau sur le toit voisin. 
La rue est encore silencieuse. 
De chez elle s'échappe une partita, un motet : la musique de ses dimanches est invariablement celle de Bach. 
Puis, les machines à laver se mettent en route sur les balcons et, plus tard, les moustiquaires coulissent bruyamment, le temps d'accrocher le linge aux pinces de l'étendoir. 
Parfois un téléphone sonne dans la rue et, si elle se penchait, elle apercevrait le visage de la femme qui y répond. 
Vers dix heures, le garçon aux cheveux longs fume une cigarette. En semaine, c'est à huit heures qu'il s'accoude au balcon. 
Des vélos dévalent la pente dans un grincement de freins mal réglés. 
Des bribes de piano lui parviennent quand l'Américain ouvre sa fenêtre. 
Le haut parleur du camion de récupération -télévision, climatiseur, vélo, ordinateur...- résonne dans tout le quartier. 
Elle est là mais aussi ailleurs, là où l'emmènent les pages de son livre. 
Elle remet de l'eau à chauffer pour un thé fumé. 
Le soleil est haut, presque au sommet de l'immeuble d'en face et c'est l'heure d'y aller. 

Sous les arbres, il y a le pique-nique qu'ils déballent, les jeux des enfants et les conversations emmêlées, dans plusieurs langues. 
Ses dimanches s'achèvent dans la mélodie de la fermeture du parc, à l'heure où elle aimerait pourtant encore rester.

samedi 29 octobre 2011

L'obligation

"Je vais vous raconter quelque chose, c'est pour ça que je vis, d'ailleurs la plume ne tient pas à l'os nu, et vous, c'est peut-être pour ça que vous avez acheté ce livre, pour savoir ce qui se passe chez les autres, et c'est magnifique, sauf que je ne me suis rien permis de bien nouveau, moi, et que je n'ai l'intention d'aller nulle part. Mon histoire à moi parle d'amour, je le dis tout de suite."
"Peut-être devrais-je maintenant mettre un deux en chiffres romains, pour donner le temps de boire un thé et marquer une pause. Indiquer que quelques jours ont passé ou un truc de ce genre. Qu'il y a cependant une continuité dans le texte et qu'il évolue logiquement, par degrés. A ceci près que je ne suis pas pressé, moi, et que la vision de la fin ne me poursuit pas, bien que je connaisse et le dénouement et le nombre de repas en cours de route. 
Moi je suis bien comme ça et je vous remercie beaucoup. Que le thé infuse lentement et refroidisse sans hâte. Que le sucre fonde posément. Mais peut-être vous faudrait-il, à vous aussi, quelque chose de plus concret pour accompagner le thé, un petit oeuf, par exemple, mais pas à la viennoise, pourquoi tout de suite faire élégant, je recommande l'oeuf dur, quinze minutes à partir du moment où l'eau bout, on peut en ajouter deux à tout hasard. Et veillez aussi à bien étaler le beurre, mettre des morceaux froids sur la tranche ça n'a pas de sens, que le beurre ramollisse d'abord. Moi, pendant ce temps, je vais me frotter les yeux, me plaquer les cheveux et finir de boutonner ma chemise pour mériter aussi une tartine."
Marek Bienczyk. TERMINAL

Le détective qui m'aurait prise en filature, ce jour-là, n'aurait pas été essoufflé à la fin de la journée. 
Mais aurait-il décelé le but de mon itinéraire ? 
Se serait-il aperçu que l'unique contrainte de mon emploi du temps était d'être
-tout au long du jour- 
là où le soleil brillait le plus pour qu'il répande sur mon livre et sur mes bras une chaleur qui me faisait plisser les yeux ?

vendredi 28 octobre 2011

Le cabinet des rêves 42

Je suis assise dans un train ou un bus. 
Je ne peux pas bouger car, sur mes genoux, sont posés deux bocaux en verre contenant des araignées. 
Pourtant, peu après, je me lève tout de même et je couvre de plusieurs de mes pulls une jeune fille, de l'autre côté de l'allée, recroquevillée sur son siège et qui ne porte sur elle qu'un peignoir de coiffeur. 

Rêve du 22 octobre 2011

jeudi 27 octobre 2011

15h35

En haut des marches
,doucement, 
l'homme convoquait
des fantômes.
 "Chacun a, à tout instant, la liberté de bouleverser son destin et, faute d'une telle force, regarder autour de soi, marcher, respirer sont déjà des ambitions respectables."
Marcel Cohen. FAITS. Lecture courante à l'usage des grands débutants.

mercredi 26 octobre 2011

Précis de topographie 86

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue. La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
 
Au lever du jour : 
interdictions de stationner. 
Puis, au retour : 
ma rue à nu, déshabillée.

mardi 25 octobre 2011

Tuesday self portrait (la chambre)

Peinture de Benoît Drunat
 "Car vous n'auriez qu'un mot à dire
Dans la rue la journée
Si seulement il vous en disait"

lundi 24 octobre 2011

Ce livre est de saison. 
Ou bien se souvient-il de sa vie d'arbre.
ai-je pensé en constatant qu'il perdait ses pages au fur et à mesure que je les lisais. 

Ce livre a eu une vie avant moi. Une vie volage aux lecteurs infidèles.
Une vie de rendez-vous. Une vie de carnet de bal.

09 SEPT. 1991
19 NOV. 1991
05 MARS 1992
18 AVR. 1992
06 OCT. 1992
08 JAN. 1995

La page 39 s'est cornée avec tant de docilité que je ne devais pas être la première à l'avoir fait.
Et c'était comme, dans le papier, découvrir le fossile d'un geste.
"Parfois une espèce de doute, naturellement, me vient : à quoi sert-il d'avoir lu des livres ? Ce qui s'ouvre dans la tête et l'esprit d'un homme, dans son âme, ne dépend pas seulement des livres qu'il a lus. 
Sans doute. 
Cependant, l'homme qui, au sein de notre culture, n'a pas lu de livres, ne s'est pas habitué aux livres, habitué à ce que la vie soit doublée par les livres, cet homme-là se voit réduit à ses propres armes et à celles de l'expérience singulière pour affronter le péril du monde. Il ne peut compter, pour sortir de soi et du triste enfermement de l'existence privée, que sur la chance d'une rencontre, la grâce d'un événement transcendant. Et encore : car ce sont des livres qui l'aideraient à en reconnaître la venue, à en goûter le prix. Ce qu'on peut atteindre par un rare et puissant effort, toujours solitaire, la médiation des livres nous l'accorde, inépuisablement. Mieux encore : avec les livres, ce sont d'autres hommes qui nous offrent le moyen d'être homme, c'est-à-dire soi-même, véritablement, dans la communauté partagée." 
Danièle Sallenave. Le don des morts. Sur la littérature.

dimanche 23 octobre 2011

La vie voyageuse (en Yamanote)

La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

SUGAMO
Les jours de marché, elle va à Sugamo. La foule est dense dans la rue aux maisons basses mais parfois, elle trouve toute même une place sur un banc près des fleurs. 

Dans les effluves de miso et d'encens, elle tourne son visage vers le soleil d'hiver, elle ferme les yeux. Elle lit un peu. Ou bien, elle fait comme eux : elle se repose de la vie. 

Autour d'elle, ils sont tous âgés. Le temple voisin promet la jouvence. Ou de retarder le moment de la mort. Elle ne sait pas exactement. Mais c'est en grappes bruyantes et pressées qu'ils descendent du train et s'éparpillent vers les stands avant d'aller faire une offrande, faire sonner la cloche et frapper des mains en haut des marches. 

Elle regarde leurs visages ridés. 
Est-ce la prière au temple qui éloigne la mort ? Ou le bon temps qu'ils prennent à Sugamo ? Ou, peut-être, les couleurs douces et sucrées dont ils emplissent leur bouche : le violet de la patate douce, le rose des fleurs de cerisiers, le rouge sombre du haricot. Ou, alors, la rondeur des mochis, le croquant des biscuits de riz, les odeurs d'okonomiyaki... 
Ils déballent leurs friandises, froissent les papiers, vont commander un gobelet de saké chaud et sucré. Puis ils s'installent sur ces bancs comme sur la place d'un village et discutent un long moment. 
Quand ont-ils renoncé aux vies qu'ils n'ont pas vécues ?
Où sera-t-elle à leur âge ?
Aura-t-elle rendez-vous avec ses amies les jours de marché pour aller au café et encore parler d'amour et d'avenir ?
A être si naturellement assise parmi eux, elle oublie qu'elle a moins de soixante ans et que ses yeux ne sont ni bridés ni bruns. Elle s'en souvient brusquement quand ils lui adressent la parole, lui offrent un biscuit, lui posent quelques questions et s'exclament gentiment sur sa maîtrise de leur langue. 
Elle leur est reconnaissante de rendre sa vie si digne d'intérêt. 
Parfois ils connaissent son pays mais non, ils n'y sont pas allés. C'est si loin, si cher, ils étaient si occupés. Et maintenant... Maintenant il y a les jours de marché à Sugamo. 
Et elle pourrait penser la même chose : pourquoi aller ailleurs quand on est si bien ici. 
Plus tard, elle se lève, salue ses voisins et poursuit son chemin au milieu de la rue encombrée. Elle a déjà goûté à tout ce qu'on lui tend : petits poissons séchés, prunes amères, thé vert... 
Les autres ne s'en lassent pas : ils ont le même enthousiasme que si, tous les mois, ils venaient à Sugamo pour la première fois. 

Elle marche vers la voie du tram et prend place dans la file de la minuscule boutique de taiyakis. Elle observe la dame qui, rapidement et mécaniquement, dépose une noix de haricots rouges dans la pâte à gaufre et s'interrompt brièvement pour lui tendre la pâtisserie chaude en forme de poisson. Son sourire est aussi tendre que l'était celui de sa grand-mère. 

Les taiyakis de l'hiver lui réchauffent les mains et le coeur.

samedi 22 octobre 2011

il dit :

Y'A QUELQU'UN 
QUI A 
UNE MERCEDES
NOIRE


???

vendredi 21 octobre 2011

Le cabinet des rêves 41

Je passe dans la rue Haute et toutes les terrasses sont pleines de gens endimanchés aux vêtements clairs qui, tous, célèbrent le baptême d'un enfant. 
Je me fais la réflexion qu'on est au printemps, alors. 
Je parle de ça devant A. et J. qui ajoute qu'il y a aussi beaucoup de braderies. 
A. fait remarquer que c'est facile d'aller à une braderie parce qu'on y est invité tandis que trouver où les baptêmes ont lieu est plus compliqué : il faut regarder sur... 
Elle pense à des noms de réseaux sociaux sans parvenir à s'en souvenir. 
Je lui réponds que c'est le contraire : c'est aux baptêmes qu'on est invité. 
Elle ne me croit pas. 

Rêve du 13 octobre 2011


jeudi 20 octobre 2011

La vie des jours

"se souvenir qu'un journal est une unité de surface : c'est la superficie qu'un ouvrier agricole peut labourer en une journée."
Georges Perec. Espèces d'espaces.
 Chaque carnet porte le nom d'un mois. 
Parfois de deux, parfois de trois. 
Cela ne signifie pas, quand c'est le cas, 
que je vis peu, que je ne vis pas.

mercredi 19 octobre 2011

Précis de topographie 85

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue. La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
toujours
rue de la loi
je sens sous mes pieds
le relief qui leur est destiné
mais
jamais
je n'ai vu aucun aveugle
traverser là

mardi 18 octobre 2011

Tuesday self portrait (en surface)

Ça, vraiment,
on en a le choix :
le regard sur toute chose.

lundi 17 octobre 2011

On n'en a jamais fini avec les paysages*


"Il y a en nous des épaisseurs superbement rangées de paysages. Comme des livres sur les rayons d'une bibliothèque."
*Franz Bartelt. Petit éloge de la vie de tous les jours.
Quels paysages nous sont-ils plus familiers que ceux auxquels nos voyages quotidiens nous accoutument ?

De celui que je devrais, alors, connaître par coeur, je ne peux pourtant citer que l'aqueduc que traverse un train un jour de beau temps. 

Depuis mon arrivée rue Linière, combien de fois suis-je passée sans jamais m'arrêter devant le tableau paysagé du couloir du rez-de-chaussée ?

dimanche 16 octobre 2011

La vie voyageuse (en Yamanote)

La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

OTSUKA
Fredonner des mélodies frivoles. Marcher dans les rues aux vitrines éclairées. Danser. Aller jusqu'à la gare. Hésiter sur une destination possible. Renoncer. Choisir un jus de fruit dans le distributeur et regarder les gens passer. Ecrire "mon amour" en haut d'une page. Prendre des livres sur l'étagère, relire quelques pages, quelques mots. Regarder les sushis en plastique de la vitrine du restaurant. Entendre le voisin de palier rentrer. Changer les photos accrochées sur le mur. Se résoudre à faire la vaisselle. Aller acheter de la moutarde. Envoyer un mail à des amis éloignés. Regarder la météo du lendemain. Et de la fin de la semaine. Commander un thé glacé à emporter au comptoir du café. En prévision du petit déjeuner du lendemain, mixer un bloc de tofu et une banane, mettre au frais. Acheter une brochette de poulet et une bière fraîche au vendeur ambulant près de la voie ferrée. Penser à la partie de la terre où il fait encore jour. S'arrêter pour écouter les musiciens jouer, près de la sortie nord de la gare. Entendre le vacarme qui s'en échappe chaque fois que s'ouvrent les portes du pachinko. Lire le mail qui fait vibrer le téléphone, sourire en voyant le nom de l'expéditeur. Eviter la trajectoire aléatoire et titubante d'un groupe d'amis qui marchent les yeux fermés. Faire défiler des photos des jours heureux sur l'écran de l'ordinateur. Aller payer la facture de gaz. Remettre au lendemain le rangement du bureau. Ou à la semaine prochaine. Attendre que le feu passe au rouge. Allumer un bâton d'encens rapporté de Jindaiji. Marcher jusqu'au square en écoutant une émission de radio, s'asseoir sur la balançoire qui grince. Regarder un film déjà vu trois fois. Sentir les effluves de savon en passant devant le bain public. Tester un nouveau fard à paupières. Fumer une cigarette sur le balcon. Feuilleter des magazines de photos dans la librairie qui ne ferme jamais. Faire chauffer de l'eau. Hésiter devant les parfums du rayon "glace" : azuki, matcha ou sésame noir ? Prendre une douche. Regarder l'heure. Traduire une recette de cuisine. Glisser une enveloppe dans la fente "international mail" de la boîte aux lettres rouge. Ecouter les voix qui chantent au bar karaoké en face du restaurant de soba. Observer le couple, mains emmêlées, démarche alanguie, rires appuyés et deviner dans quel love hôtel il va entrer. Gratter une ancienne piqûre de moustique. S'apercevoir qu'il est tard parce que plus aucun train ne passe. Croiser la vieille dame qui parle toute seule. Enfiler un pull. Regarder les étoiles. Caresser un chat. Décider de ne pas dormir. 

Aux premières heures du jour, elle sort manger un bol de riz et boire une soupe miso.

samedi 15 octobre 2011

il dit :

Tu vois
c'qui m'énerve chez c'type
c'est qu'il est persuadé
d'nous impressionner.
Au début, 
j'pensais qu'c'était un 
mec sérieux
mais là
j'vois bien qu'c'est qu'un
comédien

vendredi 14 octobre 2011

Le cabinet des rêves 40

Je suis installée dans un Mc Do. Le cadre est agréable : lumière tamisée, table carrée en bois. 
Sur la table sont posés des fruits à volonté dont on peut deviner que c'est parce qu'ils ne sont pas calibrés. 
Il me semble que je suis là depuis très longtemps. Parfois, je lève la tête et regarde autour de moi.
Même si presque toutes les tables sont occupées, l'ambiance est très calme. 
Je me dis que tout le monde a l'air aussi bien que moi. 
Je lis et je mange des pommes et des pêches. 

Rêve du 13 octobre 2011

jeudi 13 octobre 2011

La naissance du jour

J'ai enfilé
mon gilet
aux manches ajourées.

J'ai frissonné
et réalisé

que, pour la première fois,
un pull me tenait froid.

mercredi 12 octobre 2011

Précis de topographie 84

 La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue. La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

Ils ont immédiatement ressemblé à une routine,
pourtant, 
je pressens que ces rendez-vous sont éphémères.
Est-ce pour cela que,
jamais,
je ne fais varier mon itinéraire ?

Descendre du métro à Belgica et, à la sortie, tourner à droite.
Pas le temps de m'attarder à l'aller, pressée de rentrer...
Je suis sûre que, de toute ma vie, je ne saurai rien d'autre de ce quartier que la boulangerie, dans le virage, est fermée le mardi.

mardi 11 octobre 2011

Tuesday self portrait (Nettoyage à fond)



Les procédés de détachage et de nettoyage à fond des différents sols varient avec la nature des matériaux qui les constituent. 

DALLAGE
Le dallage est un pavage avec des tablettes de pierre, de marbre, de verre, etc.
On lave les dalles avec de l'eau tiède et du savon noir. On rince avec de l'eau, fréquemment renouvelée, puis avec de l'eau additionnée d'eau de javel.

Lorsque les pierres présentent des taches qui résistent au savonnage, on les frotte avec une pierre de grès ou une pierre ponce. Après chaque lavage, on encaustique le dallage avec de l'encaustique à l'eau. On fait briller à la brosse et au chiffon de laine. 

E. Compain
La science de la maison

lundi 10 octobre 2011

Rétrospective de l'intime

Certes, ce n'est pas vous qui avez dirigé les mouvements de la foule de figurants. 
Le cas échéant, vous auriez volontiers congédié sans indemnités ceux qui n'ont pas gardé la porte ouverte pour votre passage ou qui, sans un regard pour vous, sans un mot d'excuse, vous ont bousculé dans la rue ou dans la gare. 

Mais pour le reste, c'est vous, n'est-ce pas ???
C'est vous qui avez réalisé le long métrage de votre journée !
C'est vous qui avez obstinément dirigé votre focale sur les pavés disjoints des trottoirs gris plutôt que de regarder vers le ciel et les toits. 
Et si vous déplorez l'inanité des propos en salle de pause, rappelez-vous que vous en étiez co-dialoguiste. 

Si le spectacle d'aujourd'hui était un peu décevant, rien ne vous empêche de faire de demain une super-production.
Soyez sévère lors du casting.
Soignez les accessoires et la coiffure. 
Ne confiez pas au hasard la bande originale du voyage en métro ou du quart d'heure de vaisselle. 
Ne négligez en aucun cas la qualité de l'éclairage.
Ne faites pas de petites économies sur la cantine. 

Et, toute la journée : souriez, tenez la porte, plaisantez... Si vous voulez dépasser le stade de la simple figuration dans la vie de tous ceux que vous croisez.

dimanche 9 octobre 2011

La vie voyageuse (en Yamanote)

La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

IKEBUKURO
Noir volatile et bruyant, noir sautillant des corbeaux sur les fils électriques et les branches. 

Blanc fariné, translucide, blanc doux et frais comme la peau de l'intérieur des poignets, le blanc des mochis qu'on fait gonfler et griller le premier janvier. 

Blanc éthéré des fleurs de jasmin qui donnent envie d'une tasse de thé. 

Blanc nuageux et aérien de la mousse épaisse des laits chauds et des cappuccinos sur les tables des cafés. 

Rouge Chinon de deux verres emplis de vin sur la plage d'Odaiba. 

Rouge incendiaire des érables d'automne. 

Rouge religieux des portails des temples shinto. 

Vert tropical, quand la saison des pluies laisse place à une éclaircie et aux cigales, que la ville reprend son souffle. 

Vert tendre des feuilles débutantes des premiers beaux jours au parc. 

Vert roulades sur les pelouses d'été hydratées par les pluies de juillet. 

Vert matcha de la mousse qui enveloppe le tronc des arbres aussi douillettement qu'un manteau. 

Bleu Ikebukuro en toutes saisons. Bleu sans définition, bleu d'un lendemain de typhon, le bleu du ciel que sillonnent les voies rapides et suspendues. 

Bleu éternel, celui que recrée le soleil, tous les matins de l'été. 

La ville est une immense toile aux aplats colorés, une palette de couleurs aux noms réinventés, une oeuvre de land art sans artiste ni intention dont elle est le témoin de passage.

samedi 8 octobre 2011

il dit :

Allo
mi amor 
?!
Oui ! 
J'arrive tout de suite,
je suis tout près
je descends la rue
de la 
frite
!

vendredi 7 octobre 2011

Le cabinet des rêves 39

J'ai les cheveux vraiment trop longs et E. me dit (il semble ne pas le dire pour la première fois) qu'il peut me les couper. 
J'hésite. Comme il réaffirme qu'il en est capable, j'accepte. 
Il me demande -l'air un peu dégoûté- de les laver avant. Je m'exécute, la tête penchée au-dessus d'un évier plein de vaisselle. 
Pendant que je me savonne la tête, E. parle de Jeanne d'Arc. Apparemment, il y a débat : a-t-elle réellement prononcé les mots "Dieu, pourquoi m'as-tu abandonnée ?". 
Cette question a l'air de beaucoup préoccuper E. même si je fais remarquer que, pour ma coupe, la réalité historique n'est pas très importante. 
Je rince mes cheveux mais, malgré tout, j'ai l'impression d'avoir plein de mousse sur la tête. Je demande si c'est le cas. Mais personne ne me répond : on n'a pas l'air de m'entendre à cause d'un bruit ambiant très fort. 

En réalité, c'est le camion des éboueurs qui passe au-dehors et qui me réveille.

Rêve du 5 octobre 2011

jeudi 6 octobre 2011

Vivre vaut presque toujours la peine*

Il ne s'agit que de cela, parfois :
être dans la rue à une heure où, d'ordinaire, on ne peut s'y trouver.
Et rester dans le tram sans savoir où il va nous emmener.

L'aventure, soudain.
"Cela dit, arriver quelque part, s'asseoir dans un café, commander une bière et regarder les gens, c'est la vie."
*Carlos Liscano. L'écrivain et l'autre.

mercredi 5 octobre 2011

Précis de topographie 83

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue. La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
Je sais gré à ces hommes qui haussent la voix pour surpasser celles -radiophoniques- qui souvent me parlent à l'oreille quand je marche.
Celui qui m'a emboîté le pas, devant le café Potemkine, a dû répéter trois fois avant que je comprenne que seul son défaut de prononciation le faisait parler de ma "glace". 

Au bas de la rue de la Victoire,
avant que l'on se sépare,
quand je l'ai remercié
il m'a demandé
Ça s'appelle un compliment même quand c'est la vérité ?

mardi 4 octobre 2011

Tuesday self portrait (boire la tasse)

Ce n'est que (bien) plus tard qu'on est capable de mesurer la taille du verre dans lequel on s'est noyé.

lundi 3 octobre 2011

Reprendre son souffle

"J'aime par-dessus tout être à ma table carrée en formica blanc : un mètre de long, un mètre de large. Quand deux heures et demie sonnent à l'horloge de la tour, le soleil entre dans la pièce. Sur le plancher, l'ombre de ma petite table fait une caisse de phonographe. Ce phonographe me joue l'air du bois-gentil ou la danse de la Paloma, toute plissée. J'attrape le coussin du canapé et je danse en plein dans mon après-midi pesant. 
J'ai d'autres partenaires.
J'ai déjà dansé avec la théière. 
Le sucrier. 
La boîte à biscuits.
Le téléphone. 
Le réveil. 
Le cendrier. 
Les clés. 
Mon plus petit cavalier a été un bouton, tombé d'un manteau. 
Non, faux. 
Un jour, sous ma table en formica blanc, j'ai vu un raisin sec poussiéreux, et j'ai dansé avec, puis je l'ai mangé. Et en moi il y a eu comme un lointain."
Herta Müller. La bascule du souffle

dimanche 2 octobre 2011

La vie voyageuse (en Yamanote)

La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

 MEJIRO  
A la nuit tombée, elle est dans le train et, au-delà de son reflet, elle regarde la ville éclairée.

Elle se souvient des villes d'Europe le soir. Les appartements aux lumières chaleureuses, les écrans de télé allumés, le cliquetis des couverts, les rideaux qu'on ne tire pas en été, les fenêtres grandes ouvertes, les plafonds hauts et les lustres à pampilles, les murs qu'on devine couverts de tableaux ou de livres, les vies qu'on aperçoit et que, parfois, on envie, fugitivement.

A la nuit tombée, elle est dans le train et elle n'envie personne.

Les appartements sont encore déserts et obscurs, derrière les épais rideaux tirés.
Ils descendront plus tard acheter des nouilles instantanées car ils sont derrière l'écran de leur ordinateur pour encore de longues heures.
Leur réunion s'achève à peine et ils repoussent leurs chaises, reprennent leurs dossiers et leurs gobelets isothermes qu'ils ont vidés.
Ils suivent un cours du soir, la tête penchée vers leur livre.
Elle patiente près de la photocopieuse. Il rince une permanente... Ils travaillent.
Ils sont coiffeurs, comptables, serveurs, leur soirée ne fait que commencer, loin des lustres à pampilles.

Dans la ville, les surfaces sont vitrées. Chaque train, chaque café est un observatoire.
La vie est publique.
Elle sait que quand elle marche ou qu'elle sourit, il y a peut-être, quelque part, une vigie.
Parfois elle lève les yeux et, fortuitement, croise les leurs.
Ils fument, ils téléphonent, dans une cage d'escalier ou sur un balcon. Ou ils ne pensent à rien et boivent un café latte, assis au comptoir derrière la baie vitrée. Ils sont tournés vers elle, dans le train sur l'autre voie.
Elle les sait omniprésentes, ces rétines sur lesquelles sa silhouette ou la couleur de son écharpe n'ont pas le temps de s'imprimer.

A Tokyo, elle est vue partout et à chaque instant, jusqu'à ce qu'elle rentre chez elle et qu'elle tire les rideaux.

samedi 1 octobre 2011

il dit :

-Vous voulez du lait, monsieur ?
-Non !  Je suis déjà assez laid !