mercredi 27 juin 2012

Ma vie écrite

Du mari d'Hélène, je savais seulement qu'il cuisinait très bien les pâtes (1) et que, dans son temps libre, il aimait pratiquer la graphologie. 
Un jour, très peu de temps après mon arrivée, nous avions mangé à la cantine ensemble (2) et je crois que, pour Hélène, ce n'était pas anodin. 
Peu après (3), elle s'était penchée sur mon écriture et m'en avait demandé un échantillon, me disant qu'il représenterait certainement un bon entrainement pour son mari. 

Pas davantage que la prédiction que m'avait faite mon dentiste quelques années auparavant, je n'avais donc sollicité cette analyse de moi-même qu'Hélène me tendit et me commenta quelques jours plus tard. 
J'étais restée un peu perplexe quand, lisant par-dessus mon épaule, elle avait insisté : "Ah oui ! Il a dit que ce serait beaucoup plus exacerbé plus tard."
Perplexe et sceptique. 

Pourtant, une mésaventure m'a récemment fait penser que la prophétie du graphologue était en train de se réaliser. Mais, dans le même temps, je me suis dit que, finalement, c'est moi qui l'avais écrite.

(1) et plus tard, je constatai que sa réputation n'était pas usurpée.
(2), le dédaignant, Hélène avait dit du gâteau au chocolat du dessert : "Quitte à avaler une bombe calorique, autant qu'elle soit meilleure !"
(3) d'elle non plus, je ne savais pas encore grand chose. Ensuite, j'appris qu'elle était capable de beaucoup insister pour obtenir ce qu'elle voulait -dans mon cas : que je goûte à son tiramisu alors même que je n'aimais ni le café ni le chocolat et que ce dessert me rendait habituellement malade- et qu'elle collait ses photos dans le désordre dans ses albums. Elle en avait tourné les pages pour moi et je l'avais vue aussi bien petite fille que dans les rues de Rome deux ans auparavant.
(4) écrite au stylo bille, de l'écriture de quelqu'un dont on pourrait croire qu'il n'accorde pas grande importance au soin et à la graphie, quelqu'un qui manque un peu de maturité. 

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