mercredi 12 septembre 2012

Une semaine à New York (les New-Yorkais)

Ceux qui ont pensé que je saurais leur indiquer la direction qu'ils cherchaient.
Celle à qui ma coupe de cheveux a plu,
celle qui trouvait que mon collier était original.
Celui à qui les photos qu'il me voyait prendre ont rappelé celles qu'il prenait, lui, dans les années soixante-dix.
 Celle qui a vérifié que ma nationalité était bien celle qu'elle me supposait,
celle qui a proposé de prendre la photo que mon retardateur ne me permettait pas de cadrer.
 Celle qui a partagé l'enthousiasme que la couleur du ciel au couchant lui inspirait.
 Tous ceux qui ont fait des compliments, à mon passage.
 Celle qui m'a couru après pour me donner un ticket oublié,
celui que ma montre "Mao" a amusé.
Celui qui m'a dit "Bonjour mademoiselle" en français.
Anonyme observatrice, je n'étais pourtant pas un
fantôme invisible.

New-yorkais était une expression que mon père utilisait à tout bout de champ et dans n'importe quel contexte. Il la collait en fin de phrase pour exprimer une condamnation générale, chaque fois qu'il parlait de quelque chose qu'il trouvait "mou" ou "chichiteux" ou "pas comme y faut". Par exemple : "Trois mois que j'ai c'te chemise et elle est déjà fichue. Des beaux dollars tout prop'es pour c'machin qui tombe en loques avant que j'aie enlevé l'étiquette ! New-yorkais.""Qu'est-ce que t'as contre les New-Yorkais ? lui avais-je demandé un jour. Tu y es déjà allé, à New York ?-Pour quoi faire ? avait-il répondu. C'est d'là que viennent tous les New-Yorkais."
Reif Larsen. L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet.

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