lundi 8 octobre 2012

Anatomie du souvenir

Tout le temps qu'a duré mon voyage
-à peine trois stations, à peine cinq minutes-
l'homme a gardé la tête penchée vers sa lecture.
L'aurait-il relevée qu'il aurait vu mes yeux, sur lui fixés
-que je n'aurais pu, n'aurais su, détourner-
et en aurait-il été surpris que j'aurais pu lui expliquer.

Vous savez, mais si ! ça vous est forcément arrivé, à vous aussi, un jour où vous attendiez le métro l'esprit vacant, un jour où dans le rayon "petit déjeuner" d'un supermarché, vous tendiez le bras vers un paquet de café, un jour où vous n'aviez pas soif mais où vous êtes entré dans un café pour vous abriter d'une averse, un jour où vous étiez dans la voiture d'un collègue qui a allumé la radio, un jour où... Enfin vous voyez ce dont je veux parler, vous savez ces moments où tout à coup vous entendez une chanson qui pour une raison, pour une autre, vous transporte sans prévenir dans une autre période de votre vie. 

C'est l'effet que m'avait fait la vue de son visage
qui ressemblait tellement à un autre
-que j'aurais juré avoir oublié-
et si je persistais à le regarder avec autant d'insistance,
c'était en attendant que mon coeur cesse de battre,
si fort.

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