vendredi 30 novembre 2012

Le cabinet des rêves 99


F.L. dort dans mon lit en plus de deux enfants mais, pour avoir plus de place, je la pousse dans un demi-sommeil. 
Vexée, elle va se coucher par terre, juste à côté du lit, de manière ostensiblement inconfortable mais qui ne me fait pas éprouver le moindre remords.

Rêve du 18 août 2012

jeudi 29 novembre 2012

"Commencement de la conscience de la disparition"*

"Vous êtes disparition ou apparition ?
-Je ne comprends pas.
-Dans la vie, vous préférez voir les choses disparaître ou apparaître ?"


Rober Racine.
Les vautours de Barcelone.
*Hélène Berr. Journal. 29 novembre 1943
(...) tout cela était plutôt joyeux, en somme.
Comme l'avait été le fait de constater que l'image sur laquelle je n'étais pas totalement apparue avait été prise sur un support promis à la disparition. 

mercredi 28 novembre 2012

20000 lieues sous la mer

Tandis que je marchais dans la lumière bleue de l'hiver,
le ciel a soudain pris la même teinte ardoise que la mer,
à Ostende.
Regardez, lecteurs, voici la Belgique ! Ne dites pas du tableau qu'il est plat et morne -ce pays n'était à mes yeux ni plat ni morne la première fois que je le vis. Quand je quittai Ostende ce doux matin de février et me trouvai en route pour Bruxelles, rien n'aurait pu me paraître insipide.
Charlotte Brontë. Le professeur

mardi 27 novembre 2012

Tuesday self portrait (la suite de tout)


Parcourant la ville elle rassemble les temps, moutons dociles, troupeau hétéroclite mais visible d'un seul coup d'oeil. Toute sa vie est là, sous la main, qu'elle visite et explore, plus vaste qu'elle ne croit, encore plus vaste, couloirs et chambres, vestibules, escaliers, portes, portes, portes toujours ouvertes, obéissantes, qu'elle pousse, au-delà desquelles elle s'engage. Et vite, vite, elle ajoute les jours qu'elle dérobe au présent à cet appartement infini et définitif. 
Un grand calme lui vient à la pensée qu'elle est mise à la retraite par les choses, les gens, les événements. Elle y trouve une paisible jouissance, non je ne sors plus de chez moi. 
Marie-Louise Haumont. Comme ou la journée de madame Pline

lundi 26 novembre 2012

LES LUNDIS DE LA PHILOSOPHIE

 5- Peut-on dire que l'homme fait librement son histoire ? (09.03.89)

Vous répondez au problème posé : c'est bien. 
Il est dommage pourtant que certaines remarques (par ex. concernant le matérialisme historique) manquent de précision. Essayez d'approfondir et de préciser votre réflexion. 
13/20

dimanche 25 novembre 2012

Lire dans les trains (le retour)

Capitale fut donc pour moi la phrase de Sartre dans son livre sur Genet : "L'important n'est pas ce qu'on fait de nous mais ce que nous faisons nous-même de ce qu'on a fait de nous." Elle constitua vite le principe de mon existence. Le principe d'une ascèse : d'un travail de soi sur soi. 
Didier Eribon. Retour à Reims

Gabriella aurait aimé ne plus avoir à voyager. Vivement la téléportation. Mieux : ne plus bouger. "Que ce soient les villes qui se déplacent, partent en voyage, viennent nous visiter. C'est à votre tour d'être fouillées, infantilisées, coincées dans un fuselage d'avion pressurisé, enveloppées de décalage horaire. Paresseuse comme une ville." Elle ferma les yeux. 
Rober Racine. Les vautours de Barcelone. 

samedi 24 novembre 2012

il dit :

mesdames messieurs
nous vous demandons encore
de bien vouloir
nous
excuser pour
le retard de ce 
train
dû à une panne de moteur
au départ
et nous vous
souhaitons
une agréable
soirée

vendredi 23 novembre 2012

Le cabinet des rêves 98

Des jeunes voisins viennent dans mon appartement. 

D'abord, il s'agit d'une seule et c'est pour ça que je la fais entrer. 
J'habite dans un studio (ou une chambre : il n'y a pas de cuisine). 


Ma voisine vient voir quel genre de placard je possède car elle doit en acheter un. 
Dans ma chambre, il y a essentiellement des vêtements. Beaucoup sont suspendus à une penderie. 

En revanche, il y a peu de livres. J'explique qu'avant, c'était le contraire. 
Je suis contrariée parce que ma voisine a gardé ses chaussures chez moi et qu'elle est bientôt rejointe par quelques uns de ses amis qui, non seulement, gardent eux aussi leurs chaussures mais, en plus, laissent de la nourriture au sol (des morceaux de cornets de glace ?). 

Je les chasse violemment, en jetant cette nourriture dans leur direction et en criant. 
Les voir en-dehors de chez moi ne suffit pas : il faut qu'ils aient disparu du couloir. 


Rêve du 12 novembre 2012

jeudi 22 novembre 2012

Lire dans les trains (l'aller)

On devrait posséder une provision de bons livres imprimés sur papier journal -pour lire dans le bain ou en voyage, et les jeter ensuite.
Ernst Jünger. Premier journal parisien.

Au lieu de préparer une playliste de voyage, 
ce sont des boules quiès que j'ajoute à mon bagage. 
De même que cet été
j'avais écouté les photographes parler
sans voir leurs clichés, 

j'emporte un livre sur la variété
sans en écouter.

1- Your love is the place where I come from, Teenage Fanclub
2- Thunder Road, Bruce Springsteen
3- I'm like a bird, Nelly Furtado
4- Heartbreaker, Led Zeppelin
5- One man guy, Rufus Wainwright
6- Samba Pa Ti, Santana
7- Mama you been on my mind, Rod Stewart
8- Can you please crawl out your window ?, Bob Dylan
9- Rain, The Beatles
10- You had time, Ani DiFranco
11- I've had it, Aimee Mann
12- Born for me, Paus Westerberg
13- Frankie Teardrop, Suicide
14- Ain't that enough, Teenage Fanclub
15- First I look at the purse, The J. Geils Band
16- Smoke, Ben Folds Five
17- A minor incident, Badly Drawn Boy
18- Glorybound, The Bible
19- Caravan, Van Morrison
20- So I'll run, Butch Hancock et Marce LaCouture
21- Puff the magic dragon, Gregory Isaacs
22- Reasons to be cheerful, part 3, Ian Dury et the Blockheads
23- The calvary cross, Richard et Linda Thompson
24- Late for the sky, Jackson Browne
25- Hey self defeater, Mark Mulcahy
26- Needle in a haystack, The Velvelettes
27- Let's straighten it out, O.V. Wright
28- Röyksopp's night out, Röyksopp
29- Frontier psychiatrist, The Avalanches
30- No fun/push it, Soulwax
31- Pissing in a river, The Patti Smith Group

Nick Hornby. 31 songs


mercredi 21 novembre 2012

"Nos intentions causent des effets dans le futur qui deviennent les futures causes d’un effet dans le présent"*

Après avoir écouté sa conférence, ce n'est pas à propos de la physique de l'information que j'aurais eu envie d'interroger le *scientifique mais bien plutôt sur la nécessité qui l'avait poussé à préciser du lieu où il habitait qu'il était "plein d'acajous".

Si les mots n'éclaircissent plus rien, ils aèrent toujours le monde et nous aident à maintenir la respiration,  comme une ultime exigence et grâce, au milieu de l'encombrement. 
Petr Kràl. Enquête sur des lieux

mardi 20 novembre 2012

Tuesday self portrait (soi)

(et les autres)
"L'image d'un objet non seulement n'est pas le sens de cet objet et n'aide pas à sa compréhension, mais tend à l'y soustraire en le maintenant dans l'immobilité d'une ressemblance qui n'a rien à quoi ressembler". 
Maurice Blanchot. L'espace littéraire.

lundi 19 novembre 2012

LES LUNDIS DE LA PHILOSOPHIE

 4- Les relations avec autrui prennent-elles nécessairement la forme du conflit ? (31.01.89)

Vous tentez de répondre au problème posé : des remarques parfois pertinentes. Mais il est bien dommage que certains points n'aient pas été développés (cf l'allusion à Rousseau ou au dépassement possible du conflit chez Hegel). Approfondissez votre réflexion. 
12/20

dimanche 18 novembre 2012

La vie des rêves

La pénombre de la pièce au réveil ne me suffit pas et souvent je plisse les yeux pour retenir 
, le temps de les écrire, 
les images de la nuit. 
Il se passe parfois plusieurs jours avant que j'aille chercher le cahier de mon chevet pour copier ICI les récits que mon sommeil a créés. 
Il arrive alors que je les lise avec autant de surprise que si ce n'était pas moi qui les avais rêvés.

samedi 17 novembre 2012

il dit :

Elle parlait un français approximatif
et
elle m'envoyait chercher du fromage 
régulièrement. 
Je m'obstinais à demander du 
"fromage des dames". 
J'ai mis longtemps 
avant de comprendre 
que les dames
n'avaient rien à voir
là-dedans 
!

vendredi 16 novembre 2012

Le cabinet des rêves 97

Un homme dont je sais que je dois me méfier me dérobe mon portefeuille. 
Je cherche à lui reprendre mais c'est impossible. 
Je veux porter plainte auprès de la police. 
Je pense savoir où je dois aller mais je ne réussis pas à trouver l'entrée. 

Rêve du 18 août 2012

jeudi 15 novembre 2012

Une professionnelle

-Vous êtes photographe ? m'a-t-elle demandé après que j'eus rangé mon appareil.
J'ai secoué la tête en riant.
Puis elle a travaillé en silence.
Il apprend qu'à la base il n'existe pas un seul coiffeur qui coupe les cheveux deux fois de la même manière. Dans son cas, c'est ou bien parce qu'il ne parvient pas à demander ce qu'il veut deux fois de la même façon, ou bien parce que le coiffeur ne comprend pas la demande de la même manière ou bien parce que, même si la coupe est la même, les cheveux, surpris dans une phase déterminée de poussée, qui deviendra sans doute quelque peu différente dans quelques minutes, dans quelques heures ou dans quelques jours, de la phase où ils ont été coupés la fois dernière, interprètent et modulent la coupe de façon différente, en la faisant souvent dévier de son sens d'origine. Il apprend l'insatisfaction. Quelle insatisfaction ? L'insatisfaction qu'on ne les lui coupe pas bien, qu'on les lui coupe bien mais que cet effet bien ne dure que quelques jours, que la coupe splendide illustrant la photographie d'un magazine qu'il a apporté comme modèle pour sa coupe ne colle pas avec ses cheveux, ou colle mal avec son visage, ou sympathise et colle bien mais le transforme en stupide portrait de couverture de magazine. 
Alan Pauls. Histoire des cheveux

mercredi 14 novembre 2012

La compagnie des spectres

Deborah Meg Lennon
Teacher-wife-mother
Radiant soul

In loving memory of 
Alvin Agulnek
beloved husband and father
who loved this park

In memory of
Steve Carb
who played here in all seasons
loving husband, wonderful father
lightning fast corner back. 
Enjoy the view

Silver Streak
we will love you forever
Danny, Sally and the park

In loving memory of 
Leonard Ernest Trentin 
who cherished this park all his life
A New York je choisissais mes bancs 
selon la vue, l'ensoleillement 
mais je choisissais aussi
ma compagnie 

mardi 13 novembre 2012

Tuesday self portrait (un an)

Jamais plus je ne suis passée dans cette rue.
On peut fêter l'anniversaire de tout.

lundi 12 novembre 2012

LES LUNDIS DE LA PHILOSOPHIE

3- Vaut-il mieux changer ses désirs que l'ordre du monde ? (20.12.88)


Certaines idées auraient demandé à être approfondies. Il me semble qu'il manque une partie à votre réflexion : en effet, ne peut-on désirer avec juste raison, changer l'ordre du monde lorsque celui-ci se révèle injuste, inégalitaire, etc.
12/20

dimanche 11 novembre 2012

A tribute to ordinary days

Du soleil, une terrasse déserte, une serveuse dont j'apprends qu'elle est Roumaine,
le récit qu'elle me fait.
Je suis arrivée en août 2001.
Je ne parlais pas français, j'ai appris en travaillant.
J'écrivais tout, j'apprenais comme ça.
Peu après mon arrivée, un groupe était en terrasse, j'ai noté toute la commande.
J'avais rassemblé tout ce qu'on m'avait demandé sur un plateau, à l'exception d'une chose, que j'avais notée mais que je ne trouvais pas : ni dans le frigo, ni ailleurs.
Mon patron m'a demandé ce que je cherchais.
Je lui ai répondu : Rien.
C'est ce que j'avais noté.
C'est ce qu'un des clients désirait.

samedi 10 novembre 2012

il (me) dit :


bon appétit
chéri
!!!!!!!!!!!!!

vendredi 9 novembre 2012

Le cabinet des rêves 96

Je retourne au Japon. 
Je profite du voyage d'un homme d'affaires, un ami de mon père (qui, lui-même, est à l'avant du véhicule mais comme simple présence, n'intervenant pas par ailleurs).
En fait, il effectue le voyage dans un avion minuscule -de la taille d'une voiture- qu'il pilote lui-même et en grande partie (pendant toute la durée de mon rêve) sur la route, sans décoller. 
Nous faisons plusieurs arrêts pour embarquer d'autres personnes : S. puis deux garçons en costume-cravate.
Nous sommes serrés à  l'arrière et ce n'est que plus tard que je découvre que, depuis le début, on aurait pu se mettre face à face.
Il y a aussi la secrétaire de l'homme d'affaires.
Pendant qu'on est devant chez elle, qu'on l'attend, qu'elle va et vient, sa mère lui demande si elle peut mettre un peu de son parfum. Elle nous en propose aussi mais tout le monde refuse. 
La secrétaire est gênée par le comportement de sa mère tandis que je suis soulagée du refus général : il s'agit d'un parfum d'Yves Rocher, trop capiteux, qui m'aurait incommodée. 
Lors d'un arrêt, je réalise que j'ai oublié une grande partie de mes affaires : mes trousses de toilette et de maquillage.
Quand je soupire en disant que je vais devoir tout racheter sur place et me demander, pour chaque produit :
est-ce le bon ? alors qu'il aurait été si simple de m'épargner ça, les autres rient. 
Je pense qu'il va m'être difficile, notamment, de retrouver un mascara correct. 
Au fur et à mesure du trajet, je m'inquiète du moment où il faudra voler : un si petit avion, si rempli, pourra-t-il affronter un si long trajet.
Je pense, entre autres, aux turbulences que nous pourrions croiser et qui secouent déjà les gros avions. 

Rêve du 8 novembre 2012

jeudi 8 novembre 2012

L'homme de nos vies

Des femmes il m'arrive de me faire une idée, sans les connaître.
Non pas à la couleur de leur vernis à ongle. Ni à leur coupe de cheveux. Pas davantage à la longueur de leur jupe ou à la forme de leurs boucles d'oreilles.
Mais à l'homme avec lequel elles s'affichent, oui.

Ce jour-là, dans le métro, l'une était penchée sur David(1), une autre captivée par William(2) et, plus loin, j'en ai vu une en compagnie de Marc(3).
Quant à moi, c'était avec André(4) que j'avais choisi de voyager. 

(1) Elle avait la beauté des femmes russes, avec ce regard à la densité d'un roman tragique de huit cent pages.Elle avait la beauté des femmes russes, avec ce regard à la densité d'un roman tragique de huit cents pages.
David Foenkinos. Les souvenirs.
Elle avait la beauté des femmes russes, avec ce regard à la densité d'un roman tragique de huit cents pages.
Elle avait la beauté des femmes russes, avec ce regard à la densité d'un roman tragique de huit cents pages.

Autres citations : Citations de David Foenkinos - Ses 75 citations - Dicocitations ™ - CitationDavid Foenkinos. Les souvenirs


(2) Elle se lève et se maquille, très lentement, très posément. Pas de musique, simplement le bruit de ses gestes. Enfin quoi, vous voyez, elle se peint les ongles, elle se met du mascara. Elle fredonne un peu, elle commence à chanter quelque chose, des bribes d’une chanson en anglais. Une chanson des Beatles, du « White Album », comment ça s’appelle ? Ah, oui, Rocky Raccon. Cette fille est française, d’accord, et elle chante en anglais avec un accent français, juste pour elle. La chanson sonne totalement différente. Totalement. Un effet extraordinaire. Chair de poule des pieds à la tête. Ça dure vingt, trente minutes. Vous êtes complètement, mais alors complètement pris. 
William Boyd. Le destin de Nathalie X.  

(3) Il y avait de la tristesse dans ses yeux, des étoiles de chagrin avec un goût de sel.Il y avait de la tristesse dans ses yeux, des étoiles de chagrin avec un goût de sel.
Marc Levy. Vous revoir...

(4) Elle me souriait maintenant, sans baisser les yeux, ne semblant pas craindre que son compagnon lui en fît grief. Celui-ci, très immobile, très silencieux et dans sa pensée visiblement très éloigné d'elle -il pouvait avoir une quarantaine d'années- me faisait l'impression d'un homme éteint, plus que découragé, vraiment émouvant d'ailleurs. Je le vois encore assez bien : hâve, chauve, voûté, d'aspect très pauvre, l'image même de la négligence. Près de lui, cet être paraissait si éveillé, si gai, si sûr de soi et dans toutes ses manières si provocant que l'idée qu'ils vécussent ensemble donnait presque envie de rire. La jambe parfaite, très volontairement découverte par le croisement bien au-dessus du genou, se balançait vite, lente, plus vive dans le premier pâle rayon de soleil -le plus beau- qui se montrait de l'année. Ses yeux (je n'ai jamais su dire la couleur des yeux, ceux-ci pour moi sont seulement restés des yeux clairs), comment me faire comprendre, étaient de ceux qu'on ne revoit jamais. Ils étaient jeunes, directs, avides, sans langueur, sans enfantillage, sans prudence, sans "âme" au sens poétique (religieux) du mot. Des yeux sur lesquels la nuit devait tomber d'un seul coup.
André Breton. Les vases communicants.

mercredi 7 novembre 2012

Le jour de l'iguane

Derrière la vitre, la chaleur du soleil me faisait me sentir reptile, ou chat.

Surgi de nulle part, il posa son assiette à l'autre bout de ma table. Il n'y restait que quelques raisins, le demi-kiwi auquel il ne toucha pas, finalement. 
Ce n'est qu'ensuite que j'eus le temps de me demander où il était au moment où il avait mangé les quartiers de clémentine, les morceaux de fromage. 
Il s'adressa à moi dans toutes les langues à la fois et c'est pourquoi je bafouillai, en guise de réponse : français
Désignant le slogan qui décore ma farde -The friend is this animal- il déplia sa longue silhouette avec un nombre de gestes qui me parut excessif dans le même temps qu'il sortait son portefeuille, usé, gonflé de papiers, dont il brandit une coupure de presse qu'il me dit pouvoir garder. 
Alors que souriant, amusée, je le remerciais de cette offrande inattendue, il s'inclina, me remerciant en retour de lui avoir appris un nouveau mot : édifiant.

Quittant la salle, je le frôlai. Il parlait en flamand à des gens dont je me suis demandée s'il les connaissait davantage que moi.

Puis, il me rejoignit in extremis dans l'ascenseur où, sans que je lui aie demandé quoi que ce soit, il m'indiqua l'étage où je devais me rendre si jamais je voulais obtenir une bourse pour aller suivre des études aux Etats-Unis. 
Au rez-de-chaussée, il descendit et disparut avant que les portes se referment. 

Moi, j'allai jusqu'au deuxième sous-sol.
Un éléphant qui essaie de parler

SEOUL Un éléphant d'un zoo sud-coréen a appris à imiter le langage humain et maîtrise plusieurs mots, ont annoncé des chercheurs, qui ignorent la façon dont il a développé la faculté de répéter les mots probablement prononcés par son soigneur. Koshik, un éléphant d'Asie de 22 ans du zoo Everland à Yongin, au sud de Séoul, accueille ses visiteurs en ânonnant "choah" ("bien") et "nuo" ("couché"). Il peut également prononcer, de façon approchante, "annyong" ("salut"), "anja" ("assis") et "aniya" ("non"), assurent les scientifiques sud-coréens et européens qui ont étudié ses vocalisations. Les éléphants sont incapables d'utiliser leurs lèvres pour émettre des sons comme les humains, leurs lèvres supérieures étant "soudées" à leur nez pour constituer la trompe. Mais Koshik forme les mots en enroulant sa trompe et en la plongeant dans sa bouche. Il place alors le bout de sa trompe sur sa langue ou son palais pour créer divers sons. Son soigneur de 19 ans, Kim Jong-Gap, a passé un mois à dormir à côté de lui au début de leur collaboration.
Métro, lundi 5 novembre 2012

mardi 6 novembre 2012

Tuesday self portrait (mademoiselle)

inimitable intense mascara. Chanel
Les yeux brillants, preuve de propreté interne. 
Les yeux ne sont pas seulement la fenêtre de l'âme, ils reflètent aussi la propreté ou l'encombrement de l'organisme. Les yeux brûlent beaucoup d'énergie, ils consomment peut-être plus de force nerveuse qu'aucun autre organe. Ils laissent les premiers transparaître la fatigue. 
Lorsque le sang est pur et propre, c'est que les poisons sont largement balayés, les yeux sont alors brillants et leur rayonnement s'étend sur tout le visage. 
Voici maintenant la liste des aliments qui sont le plus efficaces pour la beauté des yeux : 

La scarole, le foie, l'épinard, les poivrons, le beurre, la crème, le lait, le fromage frais, le jaune d'oeuf, les glaces, la mangue, l'huile de foie de morue, le cresson, la carotte, la tomate, la banane, le maïs, l'orange, l'ananas, le paprika.
Mangez pour être belles par Bengamin Gayelord Hauser

lundi 5 novembre 2012

LES LUNDIS DE LA PHILOSOPHIE

 2- Exister, est-ce seulement vivre ? (06.12.88)

Le problème posé par le sujet est bien compris. Il y a dans l'ensemble des remarques pertinentes. Il est cependant dommage que les connaissances philosophiques ne soient pas plus approfondies. Vous pouvez mieux faire ! 
12/20


samedi 3 novembre 2012

sans objet


Je les ai trouvées un soir,
ramassées sur le trottoir,
les assiettes petites et blanches
dans lesquelles je mange.
(c'est le présent qui me nourrit, 
ni le passé ni la nostalgie)

En échange, j'y ai déposé une théière,
quelques petites cuillères :
je paie mon tribut
à la rue.
Joseph Kessel n'est certes pas un objet. 
François Bon. Autobiographie des objets.

vendredi 2 novembre 2012

Le cabinet des rêves 95

Il serait assurément du plus grand prix de savoir a priori par quel procédé discipliner les forces constitutives du rêve, de manière à ce que l'élément affectif qui préside à sa formation ne se trouve pas détourné de l'objet auquel s'est attaché un charme particulier durant la veille. Qui s'est jamais trouvé dans le cas d'aimer n'a pu se défendre de déplorer la conspiration de silence et de nuit qui se fait en rêve autour de l'être cher, cependant que l'esprit du dormeur trouve à s'occuper tout entier à des travaux insignifiants. Comment retenir de la vie éveillée ce qui mérite d'en être retenu, ne serait-ce que pour ne pas démériter de ce qu'il y a de meilleur dans cette vie même ?
André Breton. Les vases communicants
On (ma famille, je crois) est chez L. et sa femme.
Je pars me promener.
Quand je rentre, les enfants sont occupés, notamment à leurs devoirs.
L'un me demande un conseil... en mathématique.
Comme j'arrive à lui répondre (en fait, je lui conseille juste de vérifier un terme dans le dictionnaire !), j'en fais un objet de gloire !
L. rentre du travail et embrasse tout le monde (sa femme sur le front).
Je raconte ce que je viens de faire.

Un autre jour, le matin.
Je me lève et dis qu'on va se promener.
L., enthousiaste, en profite pour organiser une virée à Nantes.
Ses enfants et sa femme sont déjà dans la voiture.
Mais je sais que le voyage dure 5 heures aller, 5 heures retour et qu'ils vont forcément, pendant ce temps, se disputer.
Je refuse donc que l'excursion ait lieu.
Ça me semble aberrant qu'ils fassent comme si l'ambiance était habituellement bonne entre eux.

Rêve du 28 octobre 2012

jeudi 1 novembre 2012

:

Quand la carte est tombée derrière les livres, je n'ai pas tout déplacé pour aller la rechercher
 :
 j'ai pensé au jour où je la retrouverai.
"Sois le bienvenu, dit Perry, puis, avec un geste circulaire et sans ironie aucune : Désolé pour le désordre."
Tout le monde regarda la pièce avec ensemble : quatre murs nus, un lino sans un grain de poussière, deux placards aux portes closes. Le lit de Perry était fait. Où donc était le désordre ?
"D'où êtes-vous ? interrogea la mère de Craig d'un ton donnant à penser qu'elle s'attendait à ce que Perry reconnût avoir été assemblé dans un laboratoire ou avoir grandi sur la lune.
Laura Kasischke. Les revenants.