samedi 22 décembre 2012

Un samedi de pluie

Plus tôt dans la semaine, il faisait gris et il y avait dans l'air la mélancolie d'un jour férié, d'une pile de vaisselle sale, de la sonnerie d'un téléphone que personne ne décroche. 
Assis sur le tapis, nous avons feuilleté des livres de photographie. 
Dans mon appartement dépeuplé, à présent nos voix résonnent.
Je me suis progressivement absorbée dans ma tâche. Quand j'hésitais entre garder et jeter, je choisissais toujours de jeter. La sensation de netteté que j'éprouvais au moment où toutes ces choses bourrées de vieux souvenirs quittaient mes doigts m'était agréable. 
J'étais dans un tel état d'esprit que je n'aurais pas pu ne pas ranger ma chambre de fond en comble. Au fur et à mesure que le bruit de la pluie se faisait plus violent, le soir s'épaississait de l'autre côté de la vitre. Alors que je classais, l'une après l'autre, de vieilles lettres, changeais l'ordre des disques ou taillais mes crayons, il m'est venu à l'idée que ce travail n'aurait jamais de fin. J'avais l'impression que les choses débordaient de ma mémoire, interminablement comme des gouttes de pluie. Néanmoins, je restais étrangement absorbée, sans ressentir de dégoût.
Yoko Ogawa. Un thé qui ne refroidit pas. 

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