lundi 25 février 2013

ce qui continue



les épilogues 
peuvent très bien être 
les prologues  
de
commencements 
nouveaux* 
*George Steiner
Rien ne s'arrête, jamais.
Et même, tout
continue
ICI 

, en attendant.   


dimanche 24 février 2013

L'échange

-Je suis engagé, dit Laurent.
-Eh bien ! dégagez-vous, reprit Palmer. Voilà du papier et des plumes ! Ecrivez, écrivez, je vous prie !"
George Sand. Elle et lui. 
-Compte-t-on les jours de la même façon 
après avoir posté 
un courrier
ou avant d'en recevoir un dont 
on sait qu'il nous a été envoyé ?-

J'attendais une lettre
, c'en est une autre qui m'arriva.
De celle qu'on ne timbre ni ne cachette
parce qu'on la confie à internet
et qu'on pense qu'elle sera
lue dans la minute, dans la journée : là.

A moi,
il aura fallu dix mois
pour découvrir son message qui parlait de nos correspondances passées.
mais l'émotion de ses mots n'avait pas vieilli, pas bougé.
(10 mois avant de savoir
que c'était lui qui me lisait, des Baléares)

J'ai répondu et maintenant
, j'attends
,doublement.


samedi 23 février 2013

il (me) dit :


C'est normal qu'ils te demandent leur route : 
tu as l'air 
si confidente.


vendredi 22 février 2013

Le cabinet des rêves 111

Je vois deux formes étranges dans le ciel. 
Je finis par les identifier : ce sont des voitures. 
Je crois tout d'abord qu'elles sont en train de brûler et que c'est la force de l'incendie qui les a propulsées si haut mais je m'aperçois ensuite qu'il y a des gens qui rient et plaisantent à l'intérieur.
Les voitures ne tardent pas à "atterrir". 

Un peu plus loin, l'une d'elle "s'envole" à nouveau mais pas très haut avant de continuer sa route normalement.
L'un des occupants en descend en route. Il a un objet en main qui ressemble à une pompe à vélo et qui diffuse de la fumée. 
Je comprends que c'est lui qui est responsable du phénomène. 
En le croisant, je m'exclame : C'est génial !
Il me répond que, En effet, c'est amusant ! 
Je ne lui demande pas de me révéler "le truc" de son tour mais il me dit, spontanément : Si ce n'est pas possible de monter au ciel, alors il faut le faire venir à nous.

Rêve du 15 février 2013

jeudi 21 février 2013

La naïveté

A l'époque où je prenais pour argent comptant tout ce qu'elle me disait, ma soeur m'avait parlé de l'adage selon lequel la meilleure année de notre vie était forcément celle pendant laquelle notre âge coïncidait avec le chiffre de notre date de naissance.
Aveuglée par la déception d'avoir vécu mes cinq ans dans l'ignorance de ce fait et sans particulièrement les savourer, je n'avais pas réalisé que, à en croire ce raisonnement, personne au monde ayant passé l'âge de 31 ans, ne pouvait être plus heureux qu'il ne l'avait été jusque-là.

mercredi 20 février 2013

Les dernières fois

il y a celles que je pourrais précisément dater
que j'ai fait du ski
que j'ai eu les cheveux longs 
 que j'ai conduit une voiture
que je t'ai embrassé

et celles pour lesquelles j'aurais du mal à le faire
que j'ai mangé du poulet
  que j'ai lu un roman policier
que j'ai pleuré
 que j'ai vu la mer

mardi 19 février 2013

Tuesday self portrait (le discernement)


"On ne devient laid, inintéressant, que parce qu'on ne surveille pas sa manière de manger et de vivre. Inversement, on devient attrayant, séduisant, pour peu qu'on applique son intelligence et son discernement à ce qu'on fait, à ce qu'on mange. Bref, le secret du charme repose en vous, ou plutôt dans ce que vous mangez. 
Avant  tout, réformez vos habitudes alimentaires. Je n'ai jamais assisté à vos repas. Mais je suis sûr que vous mangez trop vite et que vous ne mâchez pas assez. Je l'ai constaté maintes fois : certains se précipitent dans une boutique, engloutissent un sandwich et une tasse de café et ressortent avant que vous ayez eu le temps de chanter "Au clair de la lune".
La tâche de digérer est reportée sur l'intestin grêle, déjà surchargé de besogne, qui ne peut pas tout faire et qui laisse forcément inemployée une bonne part de la nourriture qui lui arrive. 
Si vous voulez extraire de ce que vous mangez tous les principes nourriciers qui s'y trouvent, mâchez et remâchez votre nourriture."
Benjamin Gayelord Hauser. Mangez pour être belles.

lundi 18 février 2013

-liquide amniotique-

au réveil
j'étais pareille
qu'à l'instant du sommeil

la bouillotte contre moi
-blottie-
avait juste tiédi
l'eau dedans
bougea en même temps
que moi
dans un bruit de ressac
comme si mon coeur était un lac
-ou une flaque-

dimanche 17 février 2013

L'exigence

Le goût de chacun ne peut se former que par la recherche du meilleur et donc de la singularité. Aussi le parcours du lecteur ne peut être que solitaire. Le lecteur -où qu'il lise- se doit d'être, obstinément, un aristocrate.
Frédérique Pernin

samedi 16 février 2013

il (me) dit :

Madame, excusez-moi, vous pouvez m'indiquer où est la rue du métal
???????????????????????????????????????????????????????????????
(...)
Merci Française
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
 -C'est exactement ça, mais dans la direction opposée. 
Telle était la méthode de prédilection de Calvino quand il s'agissait de renseigner des gens. 

Cette fois, cependant, il n'avait pas eu le temps de renseigner ce monsieur sympathique avec la précision requise. C'est exactement  comme je vous l'ai dit, mais dans la direction opposée. il ne se sentait aucunement coupable : faire en sorte que les gens se perdent dans le quartier était un acte de généreuse sympathie. A l'instar de quelqu'un qui a plaisir à montrer un film ou à faire lire un livre qu'il a aimés, Calvino savait que si les gens parvenaient directement à destination, sans aucun détour, ils n'auraient jamais l'occasion d'explorer ces recoins que seuls découvrent ceux qui se sont complètement fourvoyés. 
Gonçalo M. Tavares. Monsieur Calvino

vendredi 15 février 2013

Le cabinet des rêves 110

L'étude des rêves présente une difficulté particulière : on ne peut les observer directement. Seuls leurs souvenirs peuvent être objet d'examen ou de discussion. Peut-être que le souvenir des rêves ne leur corresponde pas directement. Un grand écrivain du XVIIe siècle, sir Thomas Brown, estimait que le souvenir des rêves était beaucoup plus pauvre que leur splendide réalité. D'autres, au contraire, pensent que nous embellissons nos rêves, c'est à dire que, si nous pensons que les rêves sont des oeuvres de fiction (ce que je crois), nous poursuivrons le travail d'imagination en nous réveillant et plus tard, en racontant nos rêves. 
Jorge Luis Borges.
 Je prends le train pour Paris. Il est composé, entre autres, de petites voitures individuelles. 
Alors que le train est en train de partir, j'en choisis une si petite que je me demande si je vais réussir à y entrer (oui : tout juste !). 
A l'arrêt suivant, N. s'installe juste derrière ma voiture, dans une espèce de petite carriole, même pas couverte.
Il commence à me parler et je ne réponds qu'évasivement dans l'espoir que la conversation ne dure pas tout le voyage. 
Dans une autre gare, il y a vraiment foule sur le quai et c'est avec soulagement que tout le monde voit arriver un wagon qui sera ajouté au train. 
Je m'éloigne de la gare pour aller chercher quelque chose (?) mais j'ai vite peur de manquer le départ du train et je me dépêche d'y retourner. 
N. est attablé avec J. 
Je m'installe avec eux et je suis éclaboussée par le jus de la viande très saignante qu'ils ont commencé à découper. 
Je dis que je ne tiens pas à être tachée par quelque chose que je ne vais pas manger et je vais dans une salle de bain, frotter ma marinière et le haut de mon jean qui sont mouchetés de sang. 
Une petite fille vient se laver les mains. 
Je lui laisse la place en disant Allez-y ! 
Elle s'étonne : Vous me vouvoyez, maintenant ?

Rêve du 9 février 2013

jeudi 14 février 2013

insom nuit


à quoi servent les heures blanches ?

mercredi 13 février 2013

rester de

ils m'oublient moi nettement plus souvent
que je ne les oublie eux les gens

et puis soudain dans la rue il sonne
mon prénom !
une syllabe qui claque mais personne
et puis je le vois le garçon
penché au troisième au balcon
le mouvement de son bras
Ça va ?!
 et déjà rentré, plus là

mardi 12 février 2013

Tuesday self portrait (les rendez vous)

Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Elle comprend mes cheveux. Il y a longtemps que j'ai renoncé à rien en faire moi-même. Pour moi, les cheveux sont comme les maris : tant que l'on vous voit ensemble en public, peu importent les divergences que l'on peut avoir dans l'intimité. 

Saki. La fenêtre ouverte

lundi 11 février 2013

Die Welt als Wille und Vorstellung

"Nous n'avons en ce monde que le choix entre la solitude et la vulgarité", confirma Schopenhauer, avant de recommander que l'on enseignât à tous les jeunes gens "comment supporter la solitude (...) parce que moins un homme est obligé de côtoyer ses semblables, mieux il s'en trouve". Heureusement, après avoir passé quelques temps à travailler et vivre avec des gens, toute personne sensée, suggérait-il se sentira naturellement "aussi peu encline à fréquenter souvent les autres qu'un maître d'école à partager les jeux d'une bande de garnements turbulents et bruyants".
Ceci dit, une décision d'éviter les autres n'implique pas forcément qu'on n'a aucun désir de compagnie. Elle peut refléter simplement une insatisfaction à l'égard de ce qui est disponible.
Les cyniques ne sont que des idéalistes trop exigeants pour ne pas être déçus. Chamfort : "On dit quelquefois d'un homme qui vit seul : "Il n'aime pas la société". C'est souvent comme si on disait d'un homme qu'il n'aime pas la promenade sous prétexte qu'il ne se promène pas volontiers le soir dans la forêt de Bondy".
Alain de Botton. Du statut social.
Pour ne plus entendre
comme
un
lundi
je ne demande plus les nouvelles de personne

dimanche 10 février 2013

Je me souvien(drai)s

Si je n'ai pas gardé vos présents
j'ai gardé vos mots
écrits pour moi
et à la main
18-2-2000               6 ans- E.

le 14.10.1998
Parce que la compagnie des spectres est une hantise parfois fascinante, à Gwendoline dans l'espoir que Rose et Louisianne lui deviennent, comme à moi, d'attachants fantômes...
Nikola

Comme un essai d'aide au classement des choses pour Loup. 
P.

Pour Gwendoline, en manière -provisoire- de réponse à sa dernière lettre. Avec l'amitié de Christian

Joyeux Noël petite soeur
Roselyne (25-12-79)

Pour Gwen, une histoire littorale pour frissonner et revoir de lointains paysages ! 

Paris, 04/08/08
A Gwen, Montmartre, Mont des Martyrs, pour que dure toujours l'amour des couleurs, toute ma tendresse, Chantal

Les valeurs essentielles prônées par nos constructeurs de cathédrales sont aujourd'hui enfouies mais pas mortes... Certains ont entrepris une oeuvre, certes vaste, mais tellement noble, celle de redonner à l'apprentissage ses lettres de noblesse... Vous faites semble-t-il partie de ceux-là. Alors bonne route...
Nicole

Pour Gwendoline, avec d'autant plus d'amitié que nous partagerons, à travers ce petit bouquin, le meilleur de nos adolescences. Très amicalement, donc, Marie

4-7-96
Présent en contrepartie d'une excellente bouteille de vin, bue un 29 juin inoubliable.
Ton K.

Pour Gwendoline, 
ce livre de l'amour et de l'eau et bienvenue à Bruxelles, 

5 sept 2007.
Pour toi, 
Pour mon amie Gwendoline
Heureuse année, Dearest.

samedi 9 février 2013

il dit :

 Et puis elle s'est mise à chanter 
Ce matin, un lapin a tué un chasseur !
et tout le monde était gêné.

vendredi 8 février 2013

Le cabinet des rêves 109

Je vais chez C.
Elle est alitée et, sous ce prétexte, son compagnon (je ne suis pas sûre qu'ils vivent ensemble mais c'est un homme qui prend soin d'elle) ne veut pas me laisser entrer. 
Je force le passage et arrive dans la chambre de C. 
Elle se lève pour me prendre dans ses bras. 
Sachant que c'est la dernière fois (je comprends à ce moment-là qu'elle va mourir), elle pleure à chaudes larmes. 
Par imitation, je pleure, moi aussi. 
Elle me propose de revenir la voir encore une fois mais, comprenant que, ce jour-là, il y aurait du monde avec elle, je préfère refuser et profiter de ce moment où je suis seule avec elle. 

Rêve du 5 février 2013

jeudi 7 février 2013

1 en français dans le texte

A titre de punition supplémentaire, je dois parler français tout l'après-midi. J'ai été obligée de vous raconter tout cela en anglais, parce qu'il y avait des tas de mots qui me manquaient en français, Mais maintenant, nous parlons français.1
-Oh, très bien, très bien", dit Mrs Stossen sans entrain. Dans les moments d'énervement, le peu de français qu'elle connaissait ne lui venait pas naturellement aux lèvres. "Là, à l'autre côté de la porte, est un cochon... 
-Un cochon ? Ah, le petit charmant ! s'exclama Matilda avec enthousiasme. 
-Mais non, pas du tout petit, et pas tout charmant; un bête féroce...
-Une bête, corrigea Matilda. Cochon est masculin, mais si vous vous mettez en colère et que vous le traitiez de sale bête, alors c'est féminin. Le français est une langue où les questions de sexe sont mal définies, vous savez.
-Bonté divine, alors parlons anglais, dit Mrs Stossen.
 Saki. La fenêtre ouverte.

mercredi 6 février 2013

chien, loup


ça aurait pu mais non
c'est ce qu'il a pensé mais non
c'est pour ça qu'il m'a souri mais non
il a cru le faire en retour je sais mais non
je souriais oui sur le trottoir de l'avenue oui
mais ni à lui ni aux autres ni à personne non
je souriais au crépuscule et au ciel tourterelle oui
je souriais à tous les jours à venir et aux soirs aussi
je souriais à l'ici mais à l'ailleurs aussi
à ce qui a été et à ce qui sera et au bonheur aussi

mardi 5 février 2013

Tuesday self portrait (insensible)

J'en glisse encore dans mon Leica
mais
je ne les fais plus tirer, 
les pellicules impressionnées.
Dans un tiroir


les rouleaux
et
les villes se mélangent. 

lundi 4 février 2013

L'établissement décline 
toute responsabilité 
en cas de vol
de
bijoux 
argent
 prothèses

dimanche 3 février 2013

aimé(e) il y a 26 minutes

et
parce que je lui écrivis
que je l'avais entendu en rêve
déclamer Baudelaire
Homme libre toujours tu chériras la mer (1)
il m'envoya
d'autres vers
(1) et
parce qu'il parla tout aussi immédiatement de ses enfants, je pensai, au réveil, à un autre que lui, sous le sceau de l'homophonie.

samedi 2 février 2013

j'ai été arbre

 car il y eut un craquement similaire à celui d'un tronc qui cède avant qu'elle brandisse sa pince et
ma dent.

vendredi 1 février 2013

Le cabinet des rêves 108

Je veux aller aux toilettes et en demande les clefs à la femme de ménage qui est en train de les nettoyer. 
Elle n'est pas autorisée à me les donner mais je lui dis que je les lui rendrai aussitôt. 
Or, les toilettes sont à moitié bouchées et j'y passe beaucoup plus de temps que celui que la femme de ménage peut attendre et quand je sors, bien sûr, elle n'est plus là. 
C'est D. qui est responsable des clefs et je vais lui rendre en lui expliquant la situation. 
Je dois insister sur la responsabilité que j'ai dans cet épisode car, d'emblée, elle soupçonne la femme de ménage d'avoir commis une faute. 

Rêve du 31 janvier 2013

jeudi 31 janvier 2013

vie commune

Je n'en fus pas étonnée : qu'il s'élançât en même temps que moi car à mes côtés je sentais son énergie jumelle de la mienne qui le tendait tout entier dans le guet de l'instant où il pourrait traverser la rue en courant sans toutefois s'exposer à un trop grand danger. 
Mais contrairement à moi il était attendu de l'autre côté par une bouche et des bras.

mercredi 30 janvier 2013

La chambre verte

Ce sont les poètes qui y voient des larmes : moi, sur les vitres, je savais que c'était la pluie qui arrêtait mon regard, noyait la ville dans le gris d'une mélancolie qui n'étreignait pas mon coeur, qui n'enlevait aucun charme à ces heures lentement vacantes, bien au contraire, même : les rendait confortables et adaptées au petit déjeuner tardif tout autant qu'à ces pages d'amour et de mort.
Plus tôt je m'étais dit,
faisant semblant que cela -l'amour, la mort- se planifie :
On ne devrait pouvoir mourir 
qu'après avoir rencontré celui 
qui, comme lui
survit
et continue à chérir.
L'amour était nouveau pour moi, croyez-le ou non.
Francisco Goldman. Dire son nom.

mardi 29 janvier 2013

Tuesday self portrait (une pratique)

En somme, nous pratiquons tous plus ou moins la poésie, dès lors que nous manoeuvrons notre squelette dans une attitude tendue vers le Beau. La poésie n'est pas, comme on le suppose parfois, un art difficile, antinaturel. Cette idée répandue que la poésie résiderait dans des processus abstrus, ésotériques, extraordinaires, résulte de la lecture de mauvais livres et des enseignements pénibles dispensés dans les facultés. La poésie consiste dans une exaltation de la beauté du corps et des pouvoirs innés du cerveau. A travers un apprentissage simple et la mise en oeuvre de techniques naturelles, cette beauté et ces pouvoirs peuvent être développés plus que la moyenne par toute créature pensante, même la femme.
Antoine Bréa. Asseyons-nous, prêt pour la poésie.

lundi 28 janvier 2013

L'inventaire

Du meuble en allé
J'ai retiré

3 mètres ruban
8 bobines de fil
1 coupe-papier
1 pèse-lettres
2 paires de lunettes
5 appareils photo
3 cahiers vierges
1 pochette de feutres
3 dizaines de cd
20 ampoules de guirlande électrique
5 tickets de métro
15 yens
1 paquet de cigarettes entamé
1 boîte d'allumettes
1 petit chien
1 lecteur de carte photo
1 éventail
2 chemises d'articles de journaux

Le disque ne comportait aucune indication
Sa voix, amie, a résonné dans le salon

dimanche 27 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 7)

"Tout le monde se retrouva sous le porche. La mine triste. Même le chien de Julia, son cadeau de Noël, avait l'oreille basse. On s'embrassa beaucoup et Gwen dut promettre d'écrire souvent. 
-Gwen, essaye de te réconcilier avec Brad, plaida Naomi en lui serrant la main.
-D'accord, soupira Gwen. 
-Promis ?
-Promis."

Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

samedi 26 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 6)


"Un après-midi, elle prit son courage à deux mains et sauta dans un bus desservant le centre-ville. Les bureaux de Robilliard Entreprises se trouvaient au dix-huitième étage d'un gratte-ciel.
Gwen, qui n'était jamais venue, regarda autour d'elle avec curiosité tout en s'approchant de la réception."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

vendredi 25 janvier 2013

Le cabinet des rêves 107 (Le monde selon Harlequin chapitre 5)

"Les deux jours suivants passèrent comme dans un rêve."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline
H. sonne chez moi. Pour vérifier que c'est bien elle, je me penche à la fenêtre (c'est une porte-fenêtre avec une balustrade à mi-hauteur). 
Médor me suit et, au lieu de s'arrêter à la fenêtre, il passe entre deux barreaux
Je m'écrie Médor ! 
Et, aussitôt, me penchant, je le vois tomber sur le trottoir et vouloir s'enfuir mais H., à qui je crie H. ! Mon chat ! , réussit à l'attraper.
Je me dépêche d'aller lui ouvrir pour que Médor n'ait pas le temps de se débattre.

jeudi 24 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 4)

 "Gwen se réveilla à deux heures de l'après-midi, l'esprit confus et le teint un peu brouillé.
Pour se donner meilleure mine, elle mit son ensemble de jogging rose. Bien large, bien confortable... Idéal pour passer un samedi pluvieux à la maison, un lendemain de fête...
Brad, dans la cuisine, préparait une omelette. L'odeur l'agressa. Finalement, elle n'avait pas le coeur bien accroché...
-Vous arrivez bien. Je l'ai faite justement comme vous les aimez. Baveuse à souhait...
Il la regarda, inquiet. Elle se décomposait à vue d'oeil.
Lentement, elle s'assit.
-Je... je ne suis pas bien, murmura-t-elle, à peine audible.
-Je vois... Bon, eh bien, ce qu'il vous faut, c'est un verre de jus de tomate avec beaucoup de sauce Tabasco. C'est un remède souverain contre la gueule de bois.
-Vous voulez m'achever, c'est ça ?
Brad s'installa en face d'elle et posa son omelette et une tasse de café sur la table. Elle grimaça, eut un mouvement de recul. 
-Vous devriez prendre au moins un café fort."

Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

mercredi 23 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 3)


"Il neigeait. De petits cristaux s'accrochaient aux carreaux avant de glisser sans bruit et de disparaître. Gwen s'étira, encore tout ensommeillée. Beaucoup trop nerveuse pour rester un instant de plus au lit, elle se leva sans bruit."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

mardi 22 janvier 2013

Tuesday self portrait (Le monde selon Harlequin chapitre 2)


"Le chat serré sur son coeur, Gwen s'avança vers la porte d'entrée. L'homme l'y attendait déjà."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

lundi 21 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 1)

"Gwen prit son sac et se dirigea vers les ascenseurs. Le soleil du matin s'était effacé derrière de lourds nuages noirs. Comme elle quittait l'immeuble, il se mit à pleuvoir. C'était bien sa veine. Evidemment, elle n'avait ni parapluie, ni imperméable.
Au restaurant, elle s'installa dans un coin et commanda un café. Dix minutes plus tard, un homme s'arrêtait près de sa table. Grand, mince, un blouson de daim bronze. Des mèches blondes, sur sa nuque, dépassaient de son col relevé.
-Gwendoline Shaughnessy ?
-Oui.
-Je suis Brad Robilliard.
Sans attendre d'y être invité, il s'installa de l'autre côté de la table et commanda un café, lui aussi.
Intriguée, Gwen attendait. Enfin, il se pencha vers elle.
-Merci d'avoir accepté de me rencontrer si vite, Miss Shaughnessy. Je ne sais plus si je vous l'ai dit au téléphone mais j'ai une proposition à vous faire..."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

dimanche 20 janvier 2013

Provoquée par la pendaison des vêtements rapportés essorés puis refroidis par leur passage en machine mais aussi par la rue (1) la buée perla presque aussitôt sur la vitre près de laquelle j'accrochai les cintres et persista après que je les en eus retirés au point que la lumière du jour pénétrait moins largement dans la pièce et que je pensai On dirait un rideau d'eau.

(1) peut-être serait-il intéressant d'établir une grille tarifaire du temps. 
27 minutes coûtent 3,50€ au lavoir et 27€ chez le coiffeur. (2)

(2) et de cela je m'étais aperçue le jour où, regardant ma montre en sortant de mon rendez-vous, j'avais constaté que les deux chiffres -celui du temps passé, celui du prix payé- coïncidaient comme de vrais jumeaux. (3)

(3) ne serait-ce pas la lecture de L'autre comme moi (4) de José Saramago qui fait advenir cette comparaison dans mon esprit, aurais-je pensé à la gémellité si je n'avais pas été en train de lire une histoire de double ? 

(4) "d'habitude les dimanches sont des jours tristes, ennuyeux, mais il en certains dont on se réjouit qu'ils existent"(5)

(5) ces mots ne sont pas ceux qui m'ont fait corner la page 120, d'autres m'ont décidée à le faire, auxquels peut-être, au moment de les recopier dans le cahier qui leur est dévolu, je ne trouverai plus le même charme que pendant ma lecture et qui resteront à la page à laquelle je redonnerai sa forme initiale (6) avant de rendre le livre à la bibliothèque

(6) malgré tout, il reste souvent une empreinte (7) de nos lectures : et quand j'ouvre une page dont une ancienne pliure qui n'est pas de mon fait apparait comme une trace aussi lisible que les mots, je ne peux m'empêcher de lire en cherchant ce qui a pu retenir l'attention d'un précédent lecteur tout en sachant qu'il s'agissait peut-être seulement d'un moyen utilisé non pour marquer une page sur laquelle revenir ultérieurement mais celle où reprendre une lecture momentanément interrompue

(7) "Je regardais les visages, les saignées des bras, les expressions, je regardais les poches se remplir de mots, de conversations, d'attente, de pensées, de rêveries. 
Pour celle qui lisait Au phare, c'était la première fois, un premier don. Je lui ai souri en lui demandant de fermer le poing. (...)
Je l'ai revue à ma pause devant sa petite collation, elle ne lisait plus, elle était pâle, elle m'a souri. Elle m'a raconté qu'il lui arrivait de lire aussi entre les pages et dans les pages en même temps, parce que les livres, c'est comme le sang, ils sont marqués. Pas génétiquement, non, mais ils ont des marqueurs aussi, pas des marque-pages, si, des marque-pages qui sont des marques des gens. Elle se demandait si en donnant son sang elle donnait un peu de ses lectures, puisqu'en empruntant des livres il lui arrivait de trouver des taches de sang sur les pages. Pas seulement de sang d'ailleurs, de chocolat, et des cheveux, de la colle pailletée. Les livres de la bibliothèque étaient pleins de traces, même ici, encore plus ici, avec tous ces voyages en bibliobus, quand les livres traversent tout le département."
 Emmanuelle Pagano. Un renard à mains nues (8)

(8) ce livre, quant à lui, je m'étais attablée pour le lire (9), préférant cela à l'acheter et l'emporter chez moi d'où j'étais arrivée peu avant, précisément les bras chargés des livres que je venais vendre

(9) je l'ai, pour ainsi dire, consommé sur place en même temps que quelques fruits secs que j'avais emportés en prévision du moment que, m'étais-je dit avant de partir, j'aurais peut-être envie de passer installée à une table (10)

(10) nullement prévus, en revanche, avaient été son sourire et les mots qu'il m'avait adressés en s'installant à la table voisine, qui prouvaient que je ne lui étais pas inconnue et qui auraient pu être les premiers de la conversation que j'avais, pourtant, tellement envie d'avoir avec lui, si j'y avais répondu moins banalement

samedi 19 janvier 2013

il (me) dit :

pardon madame
les frites
c'est bien 
en bas 
????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????

vendredi 18 janvier 2013

Le cabinet des rêves 106

Je marche dans la rue avec une fille qui était avec moi en primaire. 
On en croise une autre, qui était dans notre classe aussi et qui nous appelle, toutes les deux, par notre prénom. 
Je dis : Ah oui ! Tu es (?)
Mais ce n'est pas le cas et je suis mortifiée qu'elle se souvienne de nous alors que nous l'avons oubliée. 

Rêve du 13 janvier 2013

jeudi 17 janvier 2013

ETRE ou ne pas

Après son départ
il resta quelques miettes
et sur la table
l'insoluble question
qu'est-ce qui demande le plus de courage :
être soi
ou
y renoncer


mercredi 16 janvier 2013

l'excuse

Aurais-je pu lui en vouloir ?
Car de sa fenêtre ouverte, au moment où il freina si près de mes pieds, 
S'échappa la voix du chanteur qui disait

mardi 15 janvier 2013

Tuesday self portrait (la vie matérielle)

Oh Nelson ! je serai gentille, je serai sage, vous verrez, je laverai le plancher, cuisinerai tous les repas, j'écrirai votre livre en même temps que le mien, je ferai l'amour avec vous dix fois par nuit et autant dans la journée, même si cela doit légèrement me fatiguer. 

Samedi 14 janvier 1950. 
Simone de Beauvoir. Lettres à Nelson Algren.

lundi 14 janvier 2013

mes mains dans les poches,


il y a des jours froids 
où aucune image
ne mérite
que je les en retire




dimanche 13 janvier 2013

EXHIBITION

Il m'arrive de repenser à l'époque à laquelle je n'aurais pas su de la jeune fille perchée sur un tabouret dans le rayon "romance" qu'il ne lui restait plus qu'à choisir son chapeau pour la cérémonie de mariage de sa cousine, du garçon en manteau trois-quarts bleu qu'il avait déjà acheté un chèque cadeau à offrir le soir même à l'anniversaire surprise qu'il avait organisé pour son amie, de l'homme aux cheveux clairs qu'il avait une compagne auprès de laquelle il préférait s'assurer qu'il ne devait pas faire de courses avant de rentrer, de la femme qui avait en main trois romans policiers qu'elle doutait depuis quelques semaines des sentiments de l'homme qui était arrivé de mauvaise humeur au rendez-vous qu'il lui avait fixé la veille.
 A présent, on connait l'intérieur des gens.

samedi 12 janvier 2013

une cartographie de l'hiver


Voici la lumière du jour, et des perspectives qui, 
Panoramique sur le quai d'Orléans, vu de la rive gauche.                                                    
Bodin de Boismortier : Reprise de l'allegro.  
maintenant, ne signifient plus rien. Les secteurs
Plan rapproché d'un détail du même quai.
d'une ville sont, à un certain niveau, lisibles.
Panoramique sur des arbres secoués par une tornade.
Mais le sens qu'ils ont eu pour nous, 
personnellement, est intransmissible, comme  
Photographie aérienne de l'allée des Cygnes, à Paris. 
toute cette clandestinité de la vie privée, sur laquelle on ne possède jamais que des documents dérisoires.  
La musique s'efface.

Guy Debord. Critique de la séparation

vendredi 11 janvier 2013

Le cabinet des rêves 105

Je suis avec H.
Auparavant, nous étions dans un lac avec sa fille (dans mon rêve, c'est A.)
Elles sur une espèce de radeau, moi dans l'eau où j'avais à peine pied et d'où je les remorquais. 
Là, H. mange une tartine de beurre en guise de collation et m'en propose une. 
Je lui explique que, ne mangeant aucun produit laitier, il n'y a aucune chance pour que je mange du beurre salé. 
Comme elle me demande ce que ça me ferait si j'en goûtais à nouveau, je lui réponds que savoir que je risque d'en être malade me suffit, que je n'ai pas envie d'en faire l'expérience. 

Rêve du 2 janvier 2013

jeudi 10 janvier 2013

Lire dans les villes (4 : à Bruxelles avec Stefan Hertmans



Bruxelles est une ville sans vision, et de là une jungle urbaine avec des perspectives inattendues. On dirait une gigantesque cuisine où seul le désordre est maître et qu'emploient d'innombrables locataires, mais que personne ne se sent responsable de nettoyer. Bruxelles est donc une ville qui vit de son caractère indéfinissable, ce qui paradoxalement donne lieu, de temps à autre, à l'émergence de quelque chose de sublime par son aspect, que ce soit un terrain vague ou un quartier ancien. 
Stefan Hertmans. Entre villes

mercredi 9 janvier 2013

les jours en grève

ceux dont les matins disent
I would prefer not to
et ne se lèvent jamais

mardi 8 janvier 2013

Tuesday self portrait (les goûts, les couleurs)

Georgina, tout à coup, fixa avec curiosité son regard sur l'écharpe que j'exécutais au crochet : 
"A propos d'animaux, est-ce là un justaucorps pour couleuvre à collier que vous tricotez ?" 
On ne pouvait guère attendre de Georgina qu'elle devinât qu'il s'agissait d'une écharpe bien qu'il fût évident que j'exécutais un travail au crochet et que je ne tricotais pas. 
"Non, répondis-je, quelque peu piquée, il n'en est rien."
"Où avez-vous trouvé une laine d'un vert aussi écoeurant ?
"Il est des moments où vous avez l'esprit beaucoup trop critique, Georgina. Maud Sommers a eu la grande gentillesse de me faire cadeau de cette jolie laine verte, à laquelle je trouve une couleur printanière qui évoque les jeunes pousses de marronnier."
"J'espère que vous n'avez pas l'intention de la porter pour de bon ? Le vert n'est pas votre couleur, vous êtes déjà bien assez verte comme ça."
Léonora Carrington. Le cornet acoustique.

lundi 7 janvier 2013

L'assiette norvégienne

Nous mangeâmes l'un en face de l'autre,
en silence,
pendant qu'Eric Clapton chantait.
Servie avant lui, je picorai mes haricots verts,
raisins secs, feuilles de salade et pommes de terre.
Il laissa refroidir son assiette
sans même la regarder,
but quelques gorgées de bière
puis ajouta du sel,
machinalement,
et fit disparaître ses pâtes
en quelques bouchées
sans jamais lever les yeux sur moi
ou sur le serveur,
venu me demander 
Tout se passe bien ?
A deux reprises, il colla son téléphone,
sans succès,
à son oreille et pianota,
nerveusement,
sur l'écran.
Je pris le temps de vider la carafe d'eau,
rassemblai mes affaires
puis m'éloignai,
quittant sa vie sans jamais y avoir pénétré,
quittant ma table qui faisait face à la sienne.

dimanche 6 janvier 2013

correspondance

"Mais tout cela est accessoire. Ecris pour que je sache si tu es en vie. 
Je t'aime
Lili."
Alexandre Tisma. Le livre de Blam
Et, glissée précisément à la page 223 du livre, 
une carte qui ne m'était pas adressée.

19 janvier 87

Vous ne pouvez pas savoir la joie et l'émotion que j'ai eues ce matin, en reconnaissant votre écriture. J'ai tellement pensé à vous, sans oser vous écrire. Je craignais d'être indiscrète. 
Merci
Merci pour ce que vous me dites de la Rue Profonde. Peut-être trouverez-vous quelque plaisir à ces "Scènes dans le château". 
-Que je suis contente d'avoir retrouvé votre écriture-
Je vous embrasse très amicalement.
1987 vous verra-t-il dans le Lot et Garonne ?

samedi 5 janvier 2013

"je n'attends vraiment rien, je viens pour y lire des bouquins"

"Artaud, Miller puis faut qu'j'aille traîner sans raison"

La conversation de mes voisins était lettrée.
Elle ne m'empêcha, cependant, aucunement de lire :
ils résolvaient des équations.