jeudi 31 janvier 2013

vie commune

Je n'en fus pas étonnée : qu'il s'élançât en même temps que moi car à mes côtés je sentais son énergie jumelle de la mienne qui le tendait tout entier dans le guet de l'instant où il pourrait traverser la rue en courant sans toutefois s'exposer à un trop grand danger. 
Mais contrairement à moi il était attendu de l'autre côté par une bouche et des bras.

mercredi 30 janvier 2013

La chambre verte

Ce sont les poètes qui y voient des larmes : moi, sur les vitres, je savais que c'était la pluie qui arrêtait mon regard, noyait la ville dans le gris d'une mélancolie qui n'étreignait pas mon coeur, qui n'enlevait aucun charme à ces heures lentement vacantes, bien au contraire, même : les rendait confortables et adaptées au petit déjeuner tardif tout autant qu'à ces pages d'amour et de mort.
Plus tôt je m'étais dit,
faisant semblant que cela -l'amour, la mort- se planifie :
On ne devrait pouvoir mourir 
qu'après avoir rencontré celui 
qui, comme lui
survit
et continue à chérir.
L'amour était nouveau pour moi, croyez-le ou non.
Francisco Goldman. Dire son nom.

mardi 29 janvier 2013

Tuesday self portrait (une pratique)

En somme, nous pratiquons tous plus ou moins la poésie, dès lors que nous manoeuvrons notre squelette dans une attitude tendue vers le Beau. La poésie n'est pas, comme on le suppose parfois, un art difficile, antinaturel. Cette idée répandue que la poésie résiderait dans des processus abstrus, ésotériques, extraordinaires, résulte de la lecture de mauvais livres et des enseignements pénibles dispensés dans les facultés. La poésie consiste dans une exaltation de la beauté du corps et des pouvoirs innés du cerveau. A travers un apprentissage simple et la mise en oeuvre de techniques naturelles, cette beauté et ces pouvoirs peuvent être développés plus que la moyenne par toute créature pensante, même la femme.
Antoine Bréa. Asseyons-nous, prêt pour la poésie.

lundi 28 janvier 2013

L'inventaire

Du meuble en allé
J'ai retiré

3 mètres ruban
8 bobines de fil
1 coupe-papier
1 pèse-lettres
2 paires de lunettes
5 appareils photo
3 cahiers vierges
1 pochette de feutres
3 dizaines de cd
20 ampoules de guirlande électrique
5 tickets de métro
15 yens
1 paquet de cigarettes entamé
1 boîte d'allumettes
1 petit chien
1 lecteur de carte photo
1 éventail
2 chemises d'articles de journaux

Le disque ne comportait aucune indication
Sa voix, amie, a résonné dans le salon

dimanche 27 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 7)

"Tout le monde se retrouva sous le porche. La mine triste. Même le chien de Julia, son cadeau de Noël, avait l'oreille basse. On s'embrassa beaucoup et Gwen dut promettre d'écrire souvent. 
-Gwen, essaye de te réconcilier avec Brad, plaida Naomi en lui serrant la main.
-D'accord, soupira Gwen. 
-Promis ?
-Promis."

Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

samedi 26 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 6)


"Un après-midi, elle prit son courage à deux mains et sauta dans un bus desservant le centre-ville. Les bureaux de Robilliard Entreprises se trouvaient au dix-huitième étage d'un gratte-ciel.
Gwen, qui n'était jamais venue, regarda autour d'elle avec curiosité tout en s'approchant de la réception."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

vendredi 25 janvier 2013

Le cabinet des rêves 107 (Le monde selon Harlequin chapitre 5)

"Les deux jours suivants passèrent comme dans un rêve."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline
H. sonne chez moi. Pour vérifier que c'est bien elle, je me penche à la fenêtre (c'est une porte-fenêtre avec une balustrade à mi-hauteur). 
Médor me suit et, au lieu de s'arrêter à la fenêtre, il passe entre deux barreaux
Je m'écrie Médor ! 
Et, aussitôt, me penchant, je le vois tomber sur le trottoir et vouloir s'enfuir mais H., à qui je crie H. ! Mon chat ! , réussit à l'attraper.
Je me dépêche d'aller lui ouvrir pour que Médor n'ait pas le temps de se débattre.

jeudi 24 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 4)

 "Gwen se réveilla à deux heures de l'après-midi, l'esprit confus et le teint un peu brouillé.
Pour se donner meilleure mine, elle mit son ensemble de jogging rose. Bien large, bien confortable... Idéal pour passer un samedi pluvieux à la maison, un lendemain de fête...
Brad, dans la cuisine, préparait une omelette. L'odeur l'agressa. Finalement, elle n'avait pas le coeur bien accroché...
-Vous arrivez bien. Je l'ai faite justement comme vous les aimez. Baveuse à souhait...
Il la regarda, inquiet. Elle se décomposait à vue d'oeil.
Lentement, elle s'assit.
-Je... je ne suis pas bien, murmura-t-elle, à peine audible.
-Je vois... Bon, eh bien, ce qu'il vous faut, c'est un verre de jus de tomate avec beaucoup de sauce Tabasco. C'est un remède souverain contre la gueule de bois.
-Vous voulez m'achever, c'est ça ?
Brad s'installa en face d'elle et posa son omelette et une tasse de café sur la table. Elle grimaça, eut un mouvement de recul. 
-Vous devriez prendre au moins un café fort."

Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

mercredi 23 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 3)


"Il neigeait. De petits cristaux s'accrochaient aux carreaux avant de glisser sans bruit et de disparaître. Gwen s'étira, encore tout ensommeillée. Beaucoup trop nerveuse pour rester un instant de plus au lit, elle se leva sans bruit."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

mardi 22 janvier 2013

Tuesday self portrait (Le monde selon Harlequin chapitre 2)


"Le chat serré sur son coeur, Gwen s'avança vers la porte d'entrée. L'homme l'y attendait déjà."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

lundi 21 janvier 2013

Le monde selon Harlequin (chapitre 1)

"Gwen prit son sac et se dirigea vers les ascenseurs. Le soleil du matin s'était effacé derrière de lourds nuages noirs. Comme elle quittait l'immeuble, il se mit à pleuvoir. C'était bien sa veine. Evidemment, elle n'avait ni parapluie, ni imperméable.
Au restaurant, elle s'installa dans un coin et commanda un café. Dix minutes plus tard, un homme s'arrêtait près de sa table. Grand, mince, un blouson de daim bronze. Des mèches blondes, sur sa nuque, dépassaient de son col relevé.
-Gwendoline Shaughnessy ?
-Oui.
-Je suis Brad Robilliard.
Sans attendre d'y être invité, il s'installa de l'autre côté de la table et commanda un café, lui aussi.
Intriguée, Gwen attendait. Enfin, il se pencha vers elle.
-Merci d'avoir accepté de me rencontrer si vite, Miss Shaughnessy. Je ne sais plus si je vous l'ai dit au téléphone mais j'ai une proposition à vous faire..."
Caroline Jantz. Les noces de Gwendoline.

dimanche 20 janvier 2013

Provoquée par la pendaison des vêtements rapportés essorés puis refroidis par leur passage en machine mais aussi par la rue (1) la buée perla presque aussitôt sur la vitre près de laquelle j'accrochai les cintres et persista après que je les en eus retirés au point que la lumière du jour pénétrait moins largement dans la pièce et que je pensai On dirait un rideau d'eau.

(1) peut-être serait-il intéressant d'établir une grille tarifaire du temps. 
27 minutes coûtent 3,50€ au lavoir et 27€ chez le coiffeur. (2)

(2) et de cela je m'étais aperçue le jour où, regardant ma montre en sortant de mon rendez-vous, j'avais constaté que les deux chiffres -celui du temps passé, celui du prix payé- coïncidaient comme de vrais jumeaux. (3)

(3) ne serait-ce pas la lecture de L'autre comme moi (4) de José Saramago qui fait advenir cette comparaison dans mon esprit, aurais-je pensé à la gémellité si je n'avais pas été en train de lire une histoire de double ? 

(4) "d'habitude les dimanches sont des jours tristes, ennuyeux, mais il en certains dont on se réjouit qu'ils existent"(5)

(5) ces mots ne sont pas ceux qui m'ont fait corner la page 120, d'autres m'ont décidée à le faire, auxquels peut-être, au moment de les recopier dans le cahier qui leur est dévolu, je ne trouverai plus le même charme que pendant ma lecture et qui resteront à la page à laquelle je redonnerai sa forme initiale (6) avant de rendre le livre à la bibliothèque

(6) malgré tout, il reste souvent une empreinte (7) de nos lectures : et quand j'ouvre une page dont une ancienne pliure qui n'est pas de mon fait apparait comme une trace aussi lisible que les mots, je ne peux m'empêcher de lire en cherchant ce qui a pu retenir l'attention d'un précédent lecteur tout en sachant qu'il s'agissait peut-être seulement d'un moyen utilisé non pour marquer une page sur laquelle revenir ultérieurement mais celle où reprendre une lecture momentanément interrompue

(7) "Je regardais les visages, les saignées des bras, les expressions, je regardais les poches se remplir de mots, de conversations, d'attente, de pensées, de rêveries. 
Pour celle qui lisait Au phare, c'était la première fois, un premier don. Je lui ai souri en lui demandant de fermer le poing. (...)
Je l'ai revue à ma pause devant sa petite collation, elle ne lisait plus, elle était pâle, elle m'a souri. Elle m'a raconté qu'il lui arrivait de lire aussi entre les pages et dans les pages en même temps, parce que les livres, c'est comme le sang, ils sont marqués. Pas génétiquement, non, mais ils ont des marqueurs aussi, pas des marque-pages, si, des marque-pages qui sont des marques des gens. Elle se demandait si en donnant son sang elle donnait un peu de ses lectures, puisqu'en empruntant des livres il lui arrivait de trouver des taches de sang sur les pages. Pas seulement de sang d'ailleurs, de chocolat, et des cheveux, de la colle pailletée. Les livres de la bibliothèque étaient pleins de traces, même ici, encore plus ici, avec tous ces voyages en bibliobus, quand les livres traversent tout le département."
 Emmanuelle Pagano. Un renard à mains nues (8)

(8) ce livre, quant à lui, je m'étais attablée pour le lire (9), préférant cela à l'acheter et l'emporter chez moi d'où j'étais arrivée peu avant, précisément les bras chargés des livres que je venais vendre

(9) je l'ai, pour ainsi dire, consommé sur place en même temps que quelques fruits secs que j'avais emportés en prévision du moment que, m'étais-je dit avant de partir, j'aurais peut-être envie de passer installée à une table (10)

(10) nullement prévus, en revanche, avaient été son sourire et les mots qu'il m'avait adressés en s'installant à la table voisine, qui prouvaient que je ne lui étais pas inconnue et qui auraient pu être les premiers de la conversation que j'avais, pourtant, tellement envie d'avoir avec lui, si j'y avais répondu moins banalement

samedi 19 janvier 2013

il (me) dit :

pardon madame
les frites
c'est bien 
en bas 
????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????

vendredi 18 janvier 2013

Le cabinet des rêves 106

Je marche dans la rue avec une fille qui était avec moi en primaire. 
On en croise une autre, qui était dans notre classe aussi et qui nous appelle, toutes les deux, par notre prénom. 
Je dis : Ah oui ! Tu es (?)
Mais ce n'est pas le cas et je suis mortifiée qu'elle se souvienne de nous alors que nous l'avons oubliée. 

Rêve du 13 janvier 2013

jeudi 17 janvier 2013

ETRE ou ne pas

Après son départ
il resta quelques miettes
et sur la table
l'insoluble question
qu'est-ce qui demande le plus de courage :
être soi
ou
y renoncer


mercredi 16 janvier 2013

l'excuse

Aurais-je pu lui en vouloir ?
Car de sa fenêtre ouverte, au moment où il freina si près de mes pieds, 
S'échappa la voix du chanteur qui disait

mardi 15 janvier 2013

Tuesday self portrait (la vie matérielle)

Oh Nelson ! je serai gentille, je serai sage, vous verrez, je laverai le plancher, cuisinerai tous les repas, j'écrirai votre livre en même temps que le mien, je ferai l'amour avec vous dix fois par nuit et autant dans la journée, même si cela doit légèrement me fatiguer. 

Samedi 14 janvier 1950. 
Simone de Beauvoir. Lettres à Nelson Algren.

lundi 14 janvier 2013

mes mains dans les poches,


il y a des jours froids 
où aucune image
ne mérite
que je les en retire




dimanche 13 janvier 2013

EXHIBITION

Il m'arrive de repenser à l'époque à laquelle je n'aurais pas su de la jeune fille perchée sur un tabouret dans le rayon "romance" qu'il ne lui restait plus qu'à choisir son chapeau pour la cérémonie de mariage de sa cousine, du garçon en manteau trois-quarts bleu qu'il avait déjà acheté un chèque cadeau à offrir le soir même à l'anniversaire surprise qu'il avait organisé pour son amie, de l'homme aux cheveux clairs qu'il avait une compagne auprès de laquelle il préférait s'assurer qu'il ne devait pas faire de courses avant de rentrer, de la femme qui avait en main trois romans policiers qu'elle doutait depuis quelques semaines des sentiments de l'homme qui était arrivé de mauvaise humeur au rendez-vous qu'il lui avait fixé la veille.
 A présent, on connait l'intérieur des gens.

samedi 12 janvier 2013

une cartographie de l'hiver


Voici la lumière du jour, et des perspectives qui, 
Panoramique sur le quai d'Orléans, vu de la rive gauche.                                                    
Bodin de Boismortier : Reprise de l'allegro.  
maintenant, ne signifient plus rien. Les secteurs
Plan rapproché d'un détail du même quai.
d'une ville sont, à un certain niveau, lisibles.
Panoramique sur des arbres secoués par une tornade.
Mais le sens qu'ils ont eu pour nous, 
personnellement, est intransmissible, comme  
Photographie aérienne de l'allée des Cygnes, à Paris. 
toute cette clandestinité de la vie privée, sur laquelle on ne possède jamais que des documents dérisoires.  
La musique s'efface.

Guy Debord. Critique de la séparation

vendredi 11 janvier 2013

Le cabinet des rêves 105

Je suis avec H.
Auparavant, nous étions dans un lac avec sa fille (dans mon rêve, c'est A.)
Elles sur une espèce de radeau, moi dans l'eau où j'avais à peine pied et d'où je les remorquais. 
Là, H. mange une tartine de beurre en guise de collation et m'en propose une. 
Je lui explique que, ne mangeant aucun produit laitier, il n'y a aucune chance pour que je mange du beurre salé. 
Comme elle me demande ce que ça me ferait si j'en goûtais à nouveau, je lui réponds que savoir que je risque d'en être malade me suffit, que je n'ai pas envie d'en faire l'expérience. 

Rêve du 2 janvier 2013

jeudi 10 janvier 2013

Lire dans les villes (4 : à Bruxelles avec Stefan Hertmans



Bruxelles est une ville sans vision, et de là une jungle urbaine avec des perspectives inattendues. On dirait une gigantesque cuisine où seul le désordre est maître et qu'emploient d'innombrables locataires, mais que personne ne se sent responsable de nettoyer. Bruxelles est donc une ville qui vit de son caractère indéfinissable, ce qui paradoxalement donne lieu, de temps à autre, à l'émergence de quelque chose de sublime par son aspect, que ce soit un terrain vague ou un quartier ancien. 
Stefan Hertmans. Entre villes

mercredi 9 janvier 2013

les jours en grève

ceux dont les matins disent
I would prefer not to
et ne se lèvent jamais

mardi 8 janvier 2013

Tuesday self portrait (les goûts, les couleurs)

Georgina, tout à coup, fixa avec curiosité son regard sur l'écharpe que j'exécutais au crochet : 
"A propos d'animaux, est-ce là un justaucorps pour couleuvre à collier que vous tricotez ?" 
On ne pouvait guère attendre de Georgina qu'elle devinât qu'il s'agissait d'une écharpe bien qu'il fût évident que j'exécutais un travail au crochet et que je ne tricotais pas. 
"Non, répondis-je, quelque peu piquée, il n'en est rien."
"Où avez-vous trouvé une laine d'un vert aussi écoeurant ?
"Il est des moments où vous avez l'esprit beaucoup trop critique, Georgina. Maud Sommers a eu la grande gentillesse de me faire cadeau de cette jolie laine verte, à laquelle je trouve une couleur printanière qui évoque les jeunes pousses de marronnier."
"J'espère que vous n'avez pas l'intention de la porter pour de bon ? Le vert n'est pas votre couleur, vous êtes déjà bien assez verte comme ça."
Léonora Carrington. Le cornet acoustique.

lundi 7 janvier 2013

L'assiette norvégienne

Nous mangeâmes l'un en face de l'autre,
en silence,
pendant qu'Eric Clapton chantait.
Servie avant lui, je picorai mes haricots verts,
raisins secs, feuilles de salade et pommes de terre.
Il laissa refroidir son assiette
sans même la regarder,
but quelques gorgées de bière
puis ajouta du sel,
machinalement,
et fit disparaître ses pâtes
en quelques bouchées
sans jamais lever les yeux sur moi
ou sur le serveur,
venu me demander 
Tout se passe bien ?
A deux reprises, il colla son téléphone,
sans succès,
à son oreille et pianota,
nerveusement,
sur l'écran.
Je pris le temps de vider la carafe d'eau,
rassemblai mes affaires
puis m'éloignai,
quittant sa vie sans jamais y avoir pénétré,
quittant ma table qui faisait face à la sienne.

dimanche 6 janvier 2013

correspondance

"Mais tout cela est accessoire. Ecris pour que je sache si tu es en vie. 
Je t'aime
Lili."
Alexandre Tisma. Le livre de Blam
Et, glissée précisément à la page 223 du livre, 
une carte qui ne m'était pas adressée.

19 janvier 87

Vous ne pouvez pas savoir la joie et l'émotion que j'ai eues ce matin, en reconnaissant votre écriture. J'ai tellement pensé à vous, sans oser vous écrire. Je craignais d'être indiscrète. 
Merci
Merci pour ce que vous me dites de la Rue Profonde. Peut-être trouverez-vous quelque plaisir à ces "Scènes dans le château". 
-Que je suis contente d'avoir retrouvé votre écriture-
Je vous embrasse très amicalement.
1987 vous verra-t-il dans le Lot et Garonne ?

samedi 5 janvier 2013

"je n'attends vraiment rien, je viens pour y lire des bouquins"

"Artaud, Miller puis faut qu'j'aille traîner sans raison"

La conversation de mes voisins était lettrée.
Elle ne m'empêcha, cependant, aucunement de lire :
ils résolvaient des équations.

vendredi 4 janvier 2013

Le cabinet des rêves 104

Un jour, ma femme m'a raconté que peu avant notre mariage elle avait fait un rêve dans lequel elle aboyait. En se réveillant, elle avait vu son petit chien, Bingo, assis au pied du lit, et elle avait trouvé qu'il la regardait d'un drôle d'air. Avait-elle aboyé dans son sommeil ? Qu'est-ce que ça pouvait bien signifier ? Elle décida que c'était un cauchemar et le consigna dans son livre de rêves, mais ne revint jamais dessus. Ses rêves, elle n'essayait pas de les interpréter. Elle les notait, c'est tout, l'un à la suite de l'autre. Raymond Carver. Qu'est-ce que vous voulez voir ?
Le sol se recouvre progressivement de bêtes venimeuses : il n'est pas possible d'en faire abstraction. 
A un moment, G. prend un serpent entre ses mains et le décapite avec douceur, en lui parlant comme à un ami, en lui disant que s'il ne voit rien, ce sera mieux pour lui. 
Pendant que le serpent sans tête ondule sur le sol, il me dit que je n'ai plus qu'à l'écraser.
Mais l'idée de sentir le corps du serpent sous mes pieds me dégoûte et je bouge les jambes très vite pour tenter de l'éviter. 

Rêve du 2 janvier 2013

jeudi 3 janvier 2013

REINEDESNEIGES



Si mon coeur n'a pas été brisé
faut-il pour autant penser 
que j'en suis tout simplement privée 
?

J'aurais pu déposer
au musée
le nom que tu me donnais
du temps où tu disais
que tu m'aimais
  
 
 

mercredi 2 janvier 2013

le festin


L'ivresse était belle et champenoise
mais gamine aussi 
car elles gonflaient mes joues comme celles
d'une enfant, les petites pâtes.
L'ivresse était belle et champenoise
mais coquillette aussi.